Annexe:Prononciation/arabe

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Règles de prononciation

Référence : A Reference Grammar of Modern Standard Arabic, Karin C. Ryding, 2005.

Forme pleine et forme pausale

À la lecture, toutes les voyelles d'un mot sont prononcées, y compris toutes les voyelles courtes qui définissent les mots mais ne sont pas retranscrites dans le texte. En général, cela inclut également toutes les voyelles flexionnelles finales du mot. Cette prononciation est appelée « complète » ou « pleine ». Dans la prononciation arabe courante, cependant, la voyelle finale courte d'un mot peut souvent ne pas être prononcée. C'est ce qu'on appelle la « forme pausale », وَقْفٌ (waqfũ) en arabe. Cette forme pausale peut se manifester différemment dans deux contextes :

  • Dans une lecture soignée, la pratique normale est de n'utiliser la forme pausale qu'en fin de phrase, ou en fin de segment dans le cas de phrases longues, à chaque fois qu'une pause permettant la respiration est possible.
  • Dans une locution plus courante, la pratique est d'utiliser la forme pausale sur pratiquement tous les mots finissant par une voyelle courte. Ainsi, au lieu de وَقْفٌ (waqfũ), on lira généralement وَقْف (waqf_).

En forme pausale, les finales en tâ marbûta (ـة (-@)) sont usuellement prononcées sans leur voyelle finale courte, et sans le t finale, ne laissant plus qu'un a bref final, ou une finale en -ah. Ainsi, un mot comme جَامِعَةٌ (jâmi3@ũ) (université) se prononcera effectivement comme جَامِعَ (jâmi3a) ou جَامِعَه (jâmi3ah_) (cette dernière prononciation expliquant la forme spéciale du ت (t) quand il se trouve dans cette position). Cette disparition du t n'est cependant pas possible quand le mot est suivi d'un complément de nom, comme جَامِعَة بَيْرُوت (jâmi3@ bayrût_), l'université de Beyrouth, où le t doit être prononcé.


Structure syllabique

Syllabes régulières

En arabe, et en forme pleine, les syllabes peuvent être des types suivants :

  • CV : Syllabe courte, formée par une consonne et une voyelle courte ;
  • CVC : Syllabe longue fermée, formée par une consonne, une voyelle courte et une autre consonne ;
  • CVV : Syllabe longue ouverte, formée par une consonne et une voyelle longue.

Une syllabe courte est toujours ouverte. Noter que la syllabe longue ouverte peut s'analyser comme composée d'une voyelle courte et de sa lettre de prolongation, ce qui la ramène au cas général d'une syllabe fermée.

Noter que le découpage en syllabe, marqué par des points dans la notation API, ne tient pas compte de la limite des mots, la continuité syllabique étant marquée par des parenthèses inférieures :

مَنْ يَبْذُرِ ٱلشُّوكَ يَجْنِ ٱلجِرَاحْ (man yabVuri ^lCûka yajni ^ljirâH) /man jab.ðu.ri‿ʃ.ʃuː.ka jad͡ʒ.ni‿l.d͡ʒi.raːħ/ « qui sème des épines récolte des blessures ».

Deux mots qui ont même scansion sont accentués de la même manière et sont traités de manière similaire dans certaines règles de grammaire.

Syllabes super-longues

En supprimant une voyelle finale courte, la forme pausale peut conduire à deux formes additionnelles « super-longues » de syllabes finales, « anormales » par rapport aux règles de prononciation formelle :

  • CVVC : Une consonne, une voyelle longue, et une autre consonne ;
  • CVGC : Une consonne, une diphtongue aw ou ay, et une autre consonne ;
  • CVCC : Une consonne, une voyelle courte, et deux consonnes.

Ces syllabes qualifiées de « surlongues » n'apparaissent normalement qu'à la pause, c'est-à-dire à la fin des mots isolés ou des groupes phoniques. En poésie traditionnelle, seules les deux premières formes sont admises en fin de vers. On peut les rencontrer également, à titre exceptionnel, dans les formes de racines sourdes.

Réajustements syllabiques
  • Hamza prosthétique : Quand un mot commençant par deux consonnes est prononcé de manière isolée, on ajoute devant le mot une voyelle i (ou u pour certains impératifs, ou a pour la forme définie أَلْـ (al°-)) portée par une hamza.
  • Voyelle euphonique : Quand un mot commençant par deux consonnes est précédé par un mot finissant par une consonne, par exemple مِنْ (min), on rajoute une voyelle i intermédiaire.
  • Abrègement vocalique : Quand un mot commençant par deux consonnes est précédé par un mot finissant par une voyelle longue, par exemple فِي (), la voyelle longue finale est changée en voyelle courte (ce qui n'apparaît pas dans l'orthographe). De même, normalement, quand un thème devrait en théorie présenter une voyelle longue s'achevant sur une consonne, la voyelle longue passe à une brève en arabe classique.

Dans tous les cas, l'écriture du mot sans diacritiques n'est pas modifiée, le mot étant écrit comme il apparaît de manière isolée. En revanche, ces ajustements peuvent transparaître dans les diacritiques.

Place de l'accent tonique

L'accentuation (accent de force et de hauteur) peut suivre des règles différentes dans le parler informel, mais l'accentuation formelle est pratiquement universellement admissible et compréhensible. Alors par exemple qu'en dialectal marocain l'accent tonique tombe souvent en fin de mot ou de phrase, en Égypte, au contraire, il affecte la pénultième on l'antépénultième. Cet accent ne doit pas non plus être confondu avec l'accent prosodique précédent (accent de durée), qui procède d'un rythme. Noter qu'il s'agit d'un accent de force et de hauteur, pas de longueur, la longueur d'une syllabe étant gouvernée par ailleurs selon les règles ci-dessus.

Pour un mot polysyllabique en forme pleine, l'accent tombe sur la deuxième (pénultième) ou troisième (antépénultième) syllabe à partir de la fin du mot :

  • La syllabe finale n'est jamais accentuée, sauf si le mot n'a qu'une syllabe.
  • La pénultième (avant-dernière) est accentuée si elle est longue par nature : يَــقُولٌ   (ya--qû_lũ) ;
  • ou parce qu'elle est fermée : وَكُلُّ se lit وَكُلــلُ   (wa_kul--lu) ;
  • ou si le mot n'a que deux syllabes : أَرْضِ   ( ar_Di).
  • Sinon, l'accent porte sur l'antépénultième (avant-avant dernière).

Pour un mot en forme pausale, l'accent peut tomber sur la syllabe finale, si celle-ci est une syllabe « super-longue » (donc, si elle était longue et pénultième avant suppression de la voyelle courte finale). Dans le cas contraire, l'accent porte comme précédemment sur la pénultième quand elle est longue, ou l'antépénultième sinon.

Noter que pour un même mot (comme جَامِعَةٌ (jâmi3@ũ), une université, accentué sur جَامِــعَةٌ   (_mi--3a_@ũ)) la place de l'accent peut donc varier si un suffixe est ajouté à la fin du mot (جَاـمِــعَــتُـنَا   (jâ-mi--3a--tu-nâ), notre université, accentué sur a bref) ou quand une syllabe disparaît du fait d'une forme pausale (prononcé جَامِعَهـ   ( _mi_3a_h_- ), donc accentué sur le â long).

Les préfixes monosyllabiques أَ (a), بِ (bi), لَ (la), وَ (wa) et فَ (fa) ne modifient pas la place de l'accent tonique du mot auquel ils se rattachent graphiquement : أَلَا   (a_lâ ).

Accent tonique des adjectifs relatifs en ـِيّ (-iyy_)

Structurellement, ces suffixes en ـِيٌّ (-iyyũ) peuvent être lus comme un i court suivi d'une consonne y double (donc, la syllabe est de forme CVC). Alternativement, ils peuvent être lus comme un î long (avec un y de prolongation) suivi d'une consonne y (donc, la syllabe est de forme CVV). Dans les deux cas, ils ont une syllabe pénultième longue devant la syllabe finale, donc cette pénultième est accentuée.

Cependant, le traitement en forme pausale n'est pas le même dans les deux cas :

  • Le redoublement de la consonne ي (y) fait de la dernière syllabe une « super-forte » qui doit alors être également accentuée. C'est effectivement le cas dans une prononciation soignée : يَمَنِيٌّ (yamaniy²ũ) (yéménite) porte alors l'accent sur la dernière syllabe (qui est une avant-dernière longue en forme pleine) : يَـمَــنِيّ   (ya-ma--niy² ).
  • En pratique, cependant, cette finale n'est pas traitée comme fermée par deux consonnes, mais comme formant un î long final. Le mot est alors traité avec accent sur la première (antépénultième) syllabe, يَــمَـنِي   ( ya--ma-nî).
Accent tonique et syllabe longue

En élocution spontanée, l'accentuation (par elle-même d'intensité et de hauteur) joue également sur la longueur des syllabes longues :

  • Une voyelle longue non accentuée placée à côté d'une syllabe accentuée tend à être raccourcie par rapport à la valeur qu'elle aurait eu en portant l'accent : le a long de سَامَحَتْ   ( _maHat) est réalisé plus long que celui de سَامَحـتُ   (_maH-_tu).
  • Un î ou û long final (et donc, non accentué) aura tendance à se transformer en voyelle brève.

Tableau de l’API de l’arabe

Consonnes
Lettre API Exemples
ء /ʔ/ أربعة
ب /b/ بسمة
ت /t/ تونس
ث /θ/ ثلج
ج /d͡ʒ/ جميلة
ح /ħ/ حرية
خ /x/ خلد
د /d/ دنيا
ذ /ð/ ذرة
ر /r/ راية
ز /z/ زكاة
س /s/ سماء
ش /ʃ/ شمس
Consonnes (suite)
Lettre API Exemples
ص /sˁ/ صغير
ض /dˁ/ ضمير
ط /tˁ/ طلب
ظ /ðˁ/ ظل
ع /ʕ/ /ˤ/ علم
غ /ɣ/ غرب
ف /f/ فيل
ق /q/ قهوة
ك /k/ كتاب
ل /l/ لبن
م /m/ جمل
ن /n/ نور
ه /h/ هر
Semi-consonnes ou semi-voyelles
Lettre API Exemples
ا /aː/ نار
و /uː/ نور
ي /iː/ عيد
و /aw/ يَوْم
ي /aj/ سَيْف
Voyelles brèves
Lettre API Exemples
ـَ /a/ سَكَن
ـُ /u/ لُبنان
ـِ /i/ تونِس

Translittération

Il n'y a pas de système simple et unanimement accepté pour transcrire l'arabe en alphabet romain. Pour les besoins de la saisie, les modèles utilisés dans le Wiktionnaire utilisent un système simplifié, voir Wiktionnaire:Conventions/arabe/Translittération.

Clef de prononciation

(Les translittérations utilisées ici sont celles du Wiktionnaire).

  • Les lettres sont minuscules lorsqu'elles ont la même valeur phonétique qu'en français. Noter toutefois que :
    • ر (_r_) est un r roulé par opposition au غ (_R_) grasseyé.
    • ج (_j_) est généralement prononcé dj (comme dans djinn, جِنٌ).
    • ق (_q_) s'articule plus en arrière que le ك (_k_) français. Bien distinguer les deux, قَلْبِي (qalbî) signifie « mon cœur », tandis que le second, كَلْبِي (kalbî), signifie… « mon chien »...
  • Les lettres sont majuscules lorsqu'elles n'ont pas d'équivalent direct en français. La majuscule choisie tente de rappeler la prononciation :
    • ش (_C_) le ch de chat.
    • ض (_D_) D « emphatique », même articulation que d mais prononcé en creusant la gorge comme si on allait articuler un ô.
    • ث (_F_) le th anglais de thing, qu'un débutant francophone tend à prononcer fing. Même articulation que ذ (_V_) mais sourd.
    • ح (_H_) fricative pharyngale sourde (par opposition à ع (_3_) voisée), ressemble au خ (_X_) mais articulé beaucoup plus en arrière, comme si on était étranglé.
    • غ (_R_) R « grasseyé », c'est-à-dire prononcé à la parisienne, par opposition à ر (_r_) qui est un r roulé. Voisé, par opposition au خ (_X_) sourd.
    • ص (_S_) S « emphatique », même articulation que s mais prononcé comme si on allait articuler un ô.
    • ط (_T_) T « emphatique », même articulation que t mais prononcé comme si on allait articuler un ô.
    • ذ (_V_) th anglais de this, qu'un débutant francophone tend à prononcer vis. Même articulation que ث (_F_) mais voisé.
    • خ (_X_) fricative vélaire sourde (représentée par x en API), la jota espagnole, le ch allemand. C'est le son r du français strié. Même articulation que غ (_R_) mais sourd.
    • ظ (_Z_) ð, le th anglais de this, qu'un débutant francophone tendra à prononcer zis, mais prononcé de plus de manière « emphatique ».
    • ع (_3_) fricative pharyngale voisée, même articulation en râle d'étranglement que ح (_H_), mais voisée.

Quelques oppositions consonantiques

Les « H »

L'arabe distingue trois consonnes sourdes qui pourraient passer pour un « H » plus ou moins énergique :

  • Le ه (h), qui est simplement un écoulement de la respiration, non voisé, et sans entrave. Le locuteur francophone en aura une idée en s'enfonçant dans un bain chaud et s'exclamant « Ahhhhh » — le ه (h) est ce qu'il y a à la fin de l'énonciation.
  • Le خ (X), non voisé, mais articulé fermement et de manière très occlusive au niveau vélaire. C'est la jota espagnole, le ch écossais du loch, ou plus simplement le « R » prononcé dans « prix », par opposition à celui de « bris » (opposition qui devient nette en allongeant le « R » : prrrrrix versus brrrrris).
  • Le ح (H), non voisé et articulé plus en arrière, au niveau pharyngal. Sa prononciation est discutée plus loin, avec les consonnes pharyngales.

Les « R »

L'arabe distingue cinq consonnes qui pourraient passer pour un « R » :

Les « R » arabes sourde sonore
Roulé (bout de la langue) ر (_r_)
Vélaire (habituel) خ (_X_) غ (_R_)
Pharinguale (en arrière) ح (_H_) ع (_3_)
  • Le « R roulé » ne présente pas de difficulté d'identification, c'est le « R » naturel en italien ou espagnol, ou le « R » de certains accents français du sud, ou encore le « R » souvent recommandé dans le chant lyrique. La seule difficulté, pour un locuteur du nord, est de pratiquer ce roulement du bout de la langue, qui demande alors un certain entraînement.
  • Les « vélaires » correspondent aux prononciations nordiques du « R ». La difficulté pour un locuteur français est de bien distinguer et prononcer volontairement deux sons qui ne sont pas discriminants en français : le غ (R) est le « R sonore » que l'on entend dans « pardon » (paʁ.dɔ̃) ; tandis que le خ (X) est le « R sourd » que l'on entend dans « partons » (pax.tɔ̃).
  • Les « pharyngales » correspondent à une articulation plus reculée, discutée ci-dessous.

Consonnes vélaires et pharyngales

Par opposition à des consonnes homologues « vélaires », qui s'articulent au niveau du palais dur, l'arabe distingue trois consonnes « pharyngales », c'est-à-dire qui s'articulent au niveau du palais mou voire du pharynx, très en arrière de la gorge).

  • Les consonnes « vélaires » sont simplement celles qui sont utilisées habituellement en français.
  • Les consonnes « pharyngales » s'articulent beaucoup plus en arrière de la gorge (palais mou) que leur équivalent vélaire (palais dur).

Pour articuler ces consonnes pharyngales, par rapport à leur homologue vélaire, il faut déplacer la langue résolument le plus possible en arrière pour reculer le point d'articulation. Inversement, et dans la mesure où l'opposition vélaire/pharyngale est absente en français, les consonnes perçues comme « normales » sont en réalité articulées dans une position plus neutre que ne le ferait l'arabe ; il ne faut pas hésiter à avancer le point d'articulation en arabe, par rapport à une prononciation habituelle française, pour bien marquer cette opposition.

Les pharyngale arabes vélaire exemple audio pharyngale exemple audio
Explosive sourde ك (_k_) كَابِير (kâbîr_) ق (_q_) قَابَلَ (qâbala)
Fricative sourde خ (_X_) خَاصِيَّة (XâSiy²@) ح (_H_) حَاصِل (HâSil_)
Fricative voisée غ (_R_) غَالِبًا (Râlibã) ع (_3_) عَالَم (3âlam_)

Les pharyngales sont parfois analysées comme des « empathiques » de leur équivalent vélaire, c'est-à-dire prononcées avec une position de la langue et du palais en hauteur et en arrière. Les consonnes emphatiques sont discutées ci-après.

Noter de plus que les pharingales ح (_H_) et ع (_3_) sont beaucoup moins « fricatives » que leur homologue vélaire.

Consonnes « empathiques »

Les lettres « emphatiques » ne diffèrent pas tellement de leur équivalent normal, la principale différence audible porte sur l'articulation des voyelles qui les entourent.

Les empathiques arabes standard empathique
Fricative dentale sourde ث (_F_)
Fricative dentale sonore ذ (_V_) ظ (_Z_)
Explosive alvéolaire sourde ت (_t_) ط (_T_)
Explosive alvéolaire sonore د (_d_) ض (_D_)
Fricative alvéolaire sourde س (_s_) ص (_S_)
Fricative alvéolaire sonore ز (_z_)

Voir aussi :

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