À la lecture, toutes les voyelles d'un mot sont prononcées, y compris toutes les voyelles courtes qui définissent les mots mais ne sont pas retranscrites dans le texte. En général, cela inclut également toutes les voyelles flexionnelles finales du mot. Cette prononciation est appelée « complète » ou « pleine ». Dans la prononciation arabe courante, cependant, la voyelle finale courte d'un mot peut souvent ne pas être prononcée. C'est ce qu'on appelle la « forme pausale », وَقْفٌ (waqfũ) en arabe. Cette forme pausale peut se manifester différemment dans deux contextes :
En forme pausale, les finales en tâ marbûta (ـة (-@)) sont usuellement prononcées sans leur voyelle finale courte, et sans le t finale, ne laissant plus qu'un a bref final, ou une finale en -ah. Ainsi, un mot comme جَامِعَةٌ (jâmi3@ũ) (université) se prononcera effectivement comme جَامِعَ (jâmi3a) ou جَامِعَه (jâmi3ah_) (cette dernière prononciation expliquant la forme spéciale du ت (t) quand il se trouve dans cette position). Cette disparition du t n'est cependant pas possible quand le mot est suivi d'un complément de nom, comme جَامِعَة بَيْرُوت (jâmi3@ bayrût_), l'université de Beyrouth, où le t doit être prononcé.
En arabe, et en forme pleine, les syllabes peuvent être des types suivants :
Une syllabe courte est toujours ouverte. Noter que la syllabe longue ouverte peut s'analyser comme composée d'une voyelle courte et de sa lettre de prolongation, ce qui la ramène au cas général d'une syllabe fermée.
Noter que le découpage en syllabe, marqué par des points dans la notation API, ne tient pas compte de la limite des mots, la continuité syllabique étant marquée par des parenthèses inférieures :
مَنْ يَبْذُرِ ٱلشُّوكَ يَجْنِ ٱلجِرَاحْ (man yabVuri ^lCûka yajni ^ljirâH) /man jab.ðu.ri‿ʃ.ʃuː.ka jad͡ʒ.ni‿l.d͡ʒi.raːħ/ « qui sème des épines récolte des blessures ».
Deux mots qui ont même scansion sont accentués de la même manière et sont traités de manière similaire dans certaines règles de grammaire.
En supprimant une voyelle finale courte, la forme pausale peut conduire à deux formes additionnelles « super-longues » de syllabes finales, « anormales » par rapport aux règles de prononciation formelle :
Ces syllabes qualifiées de « surlongues » n'apparaissent normalement qu'à la pause, c'est-à-dire à la fin des mots isolés ou des groupes phoniques. En poésie traditionnelle, seules les deux premières formes sont admises en fin de vers. On peut les rencontrer également, à titre exceptionnel, dans les formes de racines sourdes.
Dans tous les cas, l'écriture du mot sans diacritiques n'est pas modifiée, le mot étant écrit comme il apparaît de manière isolée. En revanche, ces ajustements peuvent transparaître dans les diacritiques.
L'accentuation (accent de force et de hauteur) peut suivre des règles différentes dans le parler informel, mais l'accentuation formelle est pratiquement universellement admissible et compréhensible. Alors par exemple qu'en dialectal marocain l'accent tonique tombe souvent en fin de mot ou de phrase, en Égypte, au contraire, il affecte la pénultième on l'antépénultième. Cet accent ne doit pas non plus être confondu avec l'accent prosodique précédent (accent de durée), qui procède d'un rythme. Noter qu'il s'agit d'un accent de force et de hauteur, pas de longueur, la longueur d'une syllabe étant gouvernée par ailleurs selon les règles ci-dessus.
Pour un mot polysyllabique en forme pleine, l'accent tombe sur la deuxième (pénultième) ou troisième (antépénultième) syllabe à partir de la fin du mot :
Pour un mot en forme pausale, l'accent peut tomber sur la syllabe finale, si celle-ci est une syllabe « super-longue » (donc, si elle était longue et pénultième avant suppression de la voyelle courte finale). Dans le cas contraire, l'accent porte comme précédemment sur la pénultième quand elle est longue, ou l'antépénultième sinon.
Noter que pour un même mot (comme جَامِعَةٌ (jâmi3@ũ), une université, accentué sur جَامِــعَةٌ (jâ_mi--3a_@ũ)) la place de l'accent peut donc varier si un suffixe est ajouté à la fin du mot (جَاـمِــعَــتُـنَا (jâ-mi--3a--tu-nâ), notre université, accentué sur a bref) ou quand une syllabe disparaît du fait d'une forme pausale (prononcé جَامِعَهـ ( jâ_mi_3a_h_- ), donc accentué sur le â long).
Les préfixes monosyllabiques أَ (a), بِ (bi), لَ (la), وَ (wa) et فَ (fa) ne modifient pas la place de l'accent tonique du mot auquel ils se rattachent graphiquement : أَلَا (a_lâ ).
Structurellement, ces suffixes en ـِيٌّ (-iyyũ) peuvent être lus comme un i court suivi d'une consonne y double (donc, la syllabe est de forme CVC). Alternativement, ils peuvent être lus comme un î long (avec un y de prolongation) suivi d'une consonne y (donc, la syllabe est de forme CVV). Dans les deux cas, ils ont une syllabe pénultième longue devant la syllabe finale, donc cette pénultième est accentuée.
Cependant, le traitement en forme pausale n'est pas le même dans les deux cas :
En élocution spontanée, l'accentuation (par elle-même d'intensité et de hauteur) joue également sur la longueur des syllabes longues :
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Il n'y a pas de système simple et unanimement accepté pour transcrire l'arabe en alphabet romain. Pour les besoins de la saisie, les modèles utilisés dans le Wiktionnaire utilisent un système simplifié, voir Wiktionnaire:Conventions/arabe/Translittération.
(Les translittérations utilisées ici sont celles du Wiktionnaire).
L'arabe distingue trois consonnes sourdes qui pourraient passer pour un « H » plus ou moins énergique :
L'arabe distingue cinq consonnes qui pourraient passer pour un « R » :
Les « R » arabes | sourde | sonore |
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Roulé (bout de la langue) | — | ر (_r_) |
Vélaire (habituel) | خ (_X_) | غ (_R_) |
Pharinguale (en arrière) | ح (_H_) | ع (_3_) |
Par opposition à des consonnes homologues « vélaires », qui s'articulent au niveau du palais dur, l'arabe distingue trois consonnes « pharyngales », c'est-à-dire qui s'articulent au niveau du palais mou voire du pharynx, très en arrière de la gorge).
Pour articuler ces consonnes pharyngales, par rapport à leur homologue vélaire, il faut déplacer la langue résolument le plus possible en arrière pour reculer le point d'articulation. Inversement, et dans la mesure où l'opposition vélaire/pharyngale est absente en français, les consonnes perçues comme « normales » sont en réalité articulées dans une position plus neutre que ne le ferait l'arabe ; il ne faut pas hésiter à avancer le point d'articulation en arabe, par rapport à une prononciation habituelle française, pour bien marquer cette opposition.
Les pharyngale arabes | vélaire | exemple | audio | pharyngale | exemple | audio | ||
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Explosive sourde | ك (_k_) | كَابِير (kâbîr_) | ق (_q_) | قَابَلَ (qâbala) | ||||
Fricative sourde | خ (_X_) | خَاصِيَّة (XâSiy²@) | ح (_H_) | حَاصِل (HâSil_) | ||||
Fricative voisée | غ (_R_) | غَالِبًا (Râlibã) | ع (_3_) | عَالَم (3âlam_) |
Les pharyngales sont parfois analysées comme des « empathiques » de leur équivalent vélaire, c'est-à-dire prononcées avec une position de la langue et du palais en hauteur et en arrière. Les consonnes emphatiques sont discutées ci-après.
Noter de plus que les pharingales ح (_H_) et ع (_3_) sont beaucoup moins « fricatives » que leur homologue vélaire.
Les lettres « emphatiques » ne diffèrent pas tellement de leur équivalent normal, la principale différence audible porte sur l'articulation des voyelles qui les entourent.
Les empathiques arabes | standard | empathique |
---|---|---|
Fricative dentale sourde | ث (_F_) | — |
Fricative dentale sonore | ذ (_V_) | ظ (_Z_) |
Explosive alvéolaire sourde | ت (_t_) | ط (_T_) |
Explosive alvéolaire sonore | د (_d_) | ض (_D_) |
Fricative alvéolaire sourde | س (_s_) | ص (_S_) |
Fricative alvéolaire sonore | ز (_z_) | — |
Voir aussi :