cartonner

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Étymologie

(1751)[1] Dénominal de carton. Dérivé de carton, avec le suffixe -er.

Verbe

cartonner \kaʁ.tɔ.ne\ transitif ou intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

  1. Garnir de carton, et spécialement, recouvrir un livre en carton.
    • Le cocher de Sa Majesté était chargé d’exciter ces crises salutaires, & de s’exposer à en ressentir les effets. Pour cela il se cartonnait bien les épaules; & lorsque le Roi commençait à se fâcher, il lui répondait grossièrement ; alors le monarque furieux prenait sa canne & le frappait à tour de bras tant qu’il avait de forces. — (Vie de Frédéric II, roi de Prusse, vol. 1, Strasbourg : chez J. G. Treuttel & Paris, 1788, p. 171)
    • Messieurs les amateurs qui voudront faire cartonner leurs livres par ce procédé, sont invités à les demander pliés, aux libraires, à qui il doit être indifférent délivrer les livres simplement pliés, non brochés. — (Math Lesné, Lettre d’un relieur français aux principaux imprimeurs, libraires, relieurs & bibliophiles de l’Europe, Paris : chez Jules Renouard, 1834)
    • Jacques tira de dessous sa veste un énorme cahier rouge qu’il avait cartonné lui-même. — (Alphonse Daudet, Le Petit Chose, 1868, réédition Le Livre de Poche, page 31)
  2. Donner la consistance ou l’aspect du carton.
    • La jeune femme se démaquilla Puis elle se brossa longuement les cheveux afin de les débarrasser du gel qui les cartonnait, et les releva en queue-de-cheval. — (Holly Jacobs, Le Rêve d’une vie, chapitre 2, éditions Harlequin, 2004, traduit de l’anglais)
  3. (Familier) Attaquer ou critiquer vigoureusement.
    • L’invitation à donner son avis est une sorte de figure de rhétorique à laquelle il ne faut pas attribuer trop d’importance, ce que comprend tout à fait la première catégorie d’élèves :« Les disserts, fallait peser le pour et le contre, donner son avis mais en fait faut pas donner son avis parce qu’on se fait cartonner quand même suivant les profs. » — (Anne Barrère, Les Lycéens au travail : tâches objectives, épreuves subjectives, Presses universitaires de France, 1997, page 127)
    • On adorait gare Saint-Lazare, notre fief, courir après un mec en train de courir et crier derrière lui : « Au voleur ! » Et le voir se faire cartonner. — (Xavier Durringer, Sfumato, chap. 10, éd. Le Passage, 2015)
    • Il m’a prouvé que je n’était [sic : étais] pas idiote, que le valais quelque chose, que je comprenais ce que je lisais et que j’étais tout à fait capable de construire et rédiger de bons devoirs ! Allez, mardi, tout ira mieux ! S’il retrouve ma copie, je ne serai pas surprise, je m’attends à me faire cartonner. — (Jean-François P. Prône , Six Jeunes Femmes au fond du gouffre, Éditions Saint Martin, 2012)
  4. (Argot) Posséder sexuellement.
  5. (Intransitif) (Familier) Avoir du succès, l’emporter haut la main, faire un carton.
    • Il n’y avait que deux clients au comptoir. À droite, une jeune chroniqueuse multimédia qui cartonnait dans les émissions pilotes mais que l’on ne voyait jamais à l’antenne. À gauche, un poivrot bavard et bien abîmé. — (Nicolas Rey, « Yves Kléber témoigne », dans Un léger passage à vide, Au Diable Vauvert, 2011)
    • Et que j’ai un train de vie ! Ne me dites pas que le succès vous indiffère. Écoutez, quand j’ai appris que mon dernier film cartonnait, vous ne me croirez pas, mais j’ai été triste. Ce que j’aime, c’est d’avoir des désirs, des envies — (Gérard Miller, « Isabelle Mergault », dans Le Divan et le confessionnal, Artège, 2015)
  6. (Intransitif) (Populaire) Être en danger, exposé, etc.
    • Il vaut mieux ne pas moisir dans le coin, ça cartonne dur !
  7. (Intransitif) (Populaire) Entrer en collision, avoir un accident de voiture.
    • Il a cartonné sa voiture.
  8. (Intransitif) Jouer aux cartes, taper le carton.
    • Il n'avait pas revu Scaër et il n'avait pas trouvé le temps d'aller le chercher à l'hôtel du Rhin, ayant passé toute la journée du jeudi et une partie de la nuit suivante à cartonner avec fureur.
      Et le cartonnage ne lui avait pas réussi, — contre son habitude, — . Il avait perdu, comme on dit dans l'argot des joueurs,
      la forte somme, .
      — (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, tome 2, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 61)
    • Nous cartonnons, nous autres, pendant que Mademoiselle lit les journaux. — (Willy et Sidonie-Gabrielle Colette, Claudine à l’école, Le Livre de Poche, 1900, page 170)
    • Le soir, on causait ou on cartonnait dans les salons. — (Louis Dumur, Dieu protège le tsar !, Albin Michel, 1927, page 223)
  9. (Transitif) (Textile) Mettre un morceau de carton sur les plis d’un tissu avant de le catir.
  10. (Transitif) (Technique) Garnir avec du papier le canal d’une fausse perle.

Dérivés

Traductions

Prononciation

  • France (Lyon) : écouter « cartonner  »
  • France (Lyon) : écouter « cartonner  »
  • Vosges (France) : écouter « cartonner  »
  • Somain (France) : écouter « cartonner  »

Anagrammes

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Références