écheveler \e.ʃə.və.le\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : s’écheveler)
La foudre grondait dans l’air comme la colère dans sa pensée ; il lui semblait que la rafale, en passant, échevelait son front, comme les arbres dont elle courbait les branches et enlevait les feuilles ; elle hurlait comme l’ouragan, et sa voix se perdait dans la grande voix de la nature, qui, elle aussi, semblait gémir et se désespérer.— (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires, 1844, réédition Les Classiques de Poche, page 777)
Pardonnez mes références vieillottes, mais je lui souhaite d’acquérir la verve et l’aplomb d’un Daniel Johnson père, lui qui échevelait le panache d’un Jean Lesage!— (Gilles Proulx, Le dernier été tranquille de Paul St-Pierre Plamondon avant l’âpre combat, Le Journal de Québec, 26 juillet 2023)
Une froide pluie, mêlée de neige, tombait à torrents, et l'ouragan redoublait de fureur, en échevelant la crête des lames.— (Jules Verne, Le Pays des fourrures, J. Hetzel et Cie, Paris, 1873)
Souvent, je vois entrer dans ma chambre, encore éventée de ces lueurs spectrales et de ces grappes de tonnerres qu’échevèlent dans Paris les camions des Halles, je vois entrer, et pas plus tard qu’hier, quelque camarade ou quelque collègue, journaliste ou poète, qui me demande, qui me somme parfois de lui donner quelques lumières sur ma façon de travailler.— (Léon-Paul Fargue, Le Piéton de Paris, Gallimard, 1939)
La crinière des chevaux s’échevelait de plus en plus, la sueur ruisselait sur leurs flancs, et leur haleine sortait bruyante et pressée de leurs narines.— (Théophile Gautier, La Morte amoureuse, 1839)
Miette arrivait tout essoufflée, traversant les chaumes ; dans sa course, les petits cheveux de son front et de ses tempes s’échevelaient ; elle prenait à peine le temps de poser sa cruche ; elle se penchait, rouge, décoiffée, vibrante de rires.— (Émile Zola, La Fortune des Rougon, 1871)
Graduellement, l’infernale parade s’accentua, se débrida toute, s’échevela, devint un galop effrené, où les hommes hurlaient comme des démons, où les bêtes écumaient, ruaient, faisaient voler l’humus avec les étincelles, où s’entre-choquaient les sabres, où pétaradaient les coups de carabines, dans une étourdissante fantasia des steppes.— (Louis Dumur, Dieu protège le tsar !, Albin Michel, 1927, page 195)