Wiktionnaire:Actualités/Articles/Dix fautes de français

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Cet article fait écho à l’article publié par Nathan Weber sur le site Démotivateur.fr le 24 avril 2015. L’article original pointe des usages de la langue qui ne correspondent pas avec les règles du français établies par l’Académie française et défendues par l’enseignement scolaire. C’est l’occasion de discuter de ce qu’est une norme linguistique et de la manière dont le Wiktionnaire traite l’évolution de la langue et les tensions entre la normes et les variations.

1. « Je me suis permise/ elle s’est permise ».

La règle en français est normalement d’accorder avec l’auxiliaire être, mais pas dans le cas des verbes pronominaux. Certains verbes sont par nature pronominaux, d’autres ont un usage spécifique avec les pronoms réfléchis. En linguistique, cette structure est décrite comme une voix grammaticale particulière, la voix moyenne. C’est donc distinct du passif, qui est une autre voix grammaticale !

2. « Moi, personnellement »…

L’article critique sans le nommer le fait que ce soit un pléonasme, car l’information est redondante — un mot qui fait pousser des cris d’orfraie à Budelburger !

3. « Quarantenaire », « cinquantenaire »…

Il est critiqué l’usage de quarantenaire et cinquantenaire pour des périodes alors qu’ils correspondent aux anniversaires. En français, pour une personne entre quarante et cinquante ans, on utilise normalement quadragénaire et pour une personne entre cinquante et soixante ans, quinquagénaire. Les deux sont construits à partir du latin quadragenarius et quinquagenarius, et non à partir d’un suffixe français apposé aux noms des années concernées. C’est peut-être la méconnaissance des racines latines qui entraine le déclin de leur usage chez certains locuteurs du français.

A noter que le Wiktionnaire mentionne également la forme cinquagénaire construite à partir de la base française cinquante !

4. Confondre « convainquant » et «  convaincant ».

L’article explique très bien l’homophonie entre le participe présent du verbe convaincre qui est convainquant, tandis que l’adjectif est convaincant. Il en est de même pour de nombreux autres verbes comme communiquer (communiquant et communicant) et tous les verbes en -guer comme naviguer (naviguant et navigant) !

5. « Censé » et « sensé »

Une autre cas d’homophonie, mais cette fois pour deux mots de nature très différente ! L’adjectif censé provient d’un verbe aujourd’hui désuet en français, censer. Il a donné des mots comme censure, censeur, recensement. L’adjectif sensé en revanche vient de sens, et c’est ce qui a du sens qui est sensé. Deux origines bien différentes pour deux mots qui se prononcent aujourd’hui de la même façon. Seul l’écrit maintient la différence entre les deux.

6. « Au jour d’aujourd’hui »

La locution Au jour d’aujourd’hui fait image de preuve que le double pléonasme est possible en français. En effet, aujourd’hui est issu de l’accolement de « à le jour d’hui » (Le jour on l’on est). Pour bien comprendre la redondance exprimée par aujourd'hui, il faut revenir à hui. En effet, ce mot archaïque (il n’est plus utilisé seul de nos jours) vient du latin hodie qui est la contraction de hoc die qui signifie « en ce jour / actuellement / maintenant ». Au fil du temps il s’est transformé en l’ancien français oi/ui pour devenir l’hui actuel. C’est par la difficulté d’indiquer le jour actuel dans le langage parlé qu’aujourd'hui est apparu. Seul langue latine à avoir effectué un renforcement pléonastique sur cette situation, l’italien a oggi et l’espagnol hoy, le français renforce le sens de position temporelle d’hui par celui de comparaison de au jour, car il est toujours utilisé en référence à demain et hier. Il faut comprendre au jour d’aujourd'hui comme une formulation d’entrée dans le discours. C’est une construction logique de l’esprit, on commence par se situer en comparaison, au jour, puis on donne la référence temporelle, d’aujourd'hui. C’est la simplification du sens général de ce dernier, le temps où l’on est, qui permet de l’utiliser sans problème de sens puisqu’il est fortement synonyme de maintenant. On notera d’ailleurs l’existence de cejourd’hui et cesoird’hui, rares et désuets mais encore actuels, preuve que le glissement de sens n’est pas si ancien que ça, ou que certain n’ont pas oublié son sens primaire. Enfin, Émile Littré estimait que l’utilisation que Lamartine faisait dans ses poèmes de « au jour d’aujourd’hui » était valable, ce qui servit souvent d’argument aux défenseurs de son utilisation.

7. « Davantage » et « d’avantage »

8. « Pallier à une difficulté », « pallier à des problèmes »…

Eh oui, le verbe pallier est transitif direct, il se construit avec un objet direct qui ne nécessite pas de préposition. On pallie une difficulté, ce qui étymologiquement provient du mot pour manteau. On couvre donc d’un manteau en faisant disparaître un problème sans forcément le résoudre.

9. « Ceci dit », « ceci étant dit »

10. « Malgré que »

Rédigé entre le 25 avril et la publication du numéro 2 de Wiktionnaire:Actualités par les contributeurs suivants : Eölen, Lyokoï