préférer \pʁe.fe.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
Quand j’aime, je ne vis plus en moi ; je préfère ce que j’aime à moi-même.— (George Sand, Aldo le rimeur, 1833)
Il est certaines situations dont bénéficient seuls les gens tarés. Ils fondent leur fortune là où des hommes mieux posés et plus influents n’auraient point osé risquer la leur. Certes, Roudier, Granoux et les autres, par leur position d’hommes riches et respectés, semblaient devoir être mille fois préférés à Pierre comme chefs actifs du parti conservateur. Mais aucun d’eux n’aurait consenti à faire de son salon un centre politique ; leurs convictions n’allaient pas jusqu’à se compromettre ouvertement ; en somme, ce n’étaient que des braillards, des commères de province, qui voulaient bien cancaner chez un voisin contre la République, du moment où le voisin endossait la responsabilité de leurs cancans.— (Émile Zola, La Fortune des Rougon, G. Charpentier, Paris, 1871, ch. III ; réédition 1879, p. 95-96)
Il hocha la tête, soupirant, s’avouant très bas, que peut-être il eût préféré que Jeanne noçât sans rien lui dire, plutôt que de l’abandonner brutalement ainsi.— (Joris-Karl Huysmans, En ménage, Paris : chez Charpentier, 1881 ; édition critique de Gilles Bonnet, Librairie Droz, 2005, p. 254)
J’eusse préféré mourir plutôt que d’exister sans tendresse, sans une pensée toujours attachée à moi.— (Guy de Maupassant, Confession d’une femme, 1882)
Mais je préfère attendre que les autres arrivent jusqu’à vous, au petit bonheur.— (Jules Huret, « M. Edmond Picard », in Enquête sur l’évolution littéraire, 1891)
Je préfère disparaître que de renoncer à cette chose unique, et, en vérité, où il y a déclin et chute des feuilles, c’est là que se sacrifie la vie —pour la puissance !— (Friedrich Nietzsche, « De la victoire sur soi-même », in Ainsi parlait Zarathoustra, IIe partie, traduction par Henri Albert, 1903)
Je leur offris de les rapatrier, mais ils refusèrent, préférant accomplir leur devoir jusqu’au bout et parachever leur œuvre.— (Jean-Baptiste Charcot, Dans la mer du Groenland, 1928)
Je me livrais souvent à la pêche. L’humidité avait enlevé beaucoup d’élasticité à mon arc et je préférais harponner les dorades lorsqu’elles passaient à ma portée.— (Alain Gerbault, À la poursuite du soleil, tome 1 : De New-York à Tahiti, 1929)
L’actinobacille préfère donc de beaucoup les milieux légèrement alcalins et redoute les milieux acides.— (XIVe Congrès international de médecine, Madrid, avril 23-30, 1903 : Section de physiologie, physique et chimie biologiques, Imprenta de J. Sastre y ca., 1904, p. 279)
Mais il a dit aussi qu'il préférerait partir pour ne plus revenir, ajouta Melody d'un ton morne qui ne lui ressemblait guère.— (Victoria Morgan, La fille d'un comte, Éditions J'ai Lu, 2016, chap. 3)
Je voulais rester voir la fin des événements, mais tonton a préféré qu'on s'en aille.— (Albert Russo, Zapinette et son tonton homo découvrent l'Italie, Éditions Culture commune, 2016, chap. 5)
Si le reste de l’Europe voit en cette probable victoire l’ombre d’un « Italexit », les Italiens, eux, préfèrent rester optimistes.— (journal 20 minutes, édition Paris-IDF, 23 septembre 2022, page 6)
Ce verbe se conjugue comme céder. C'est un verbe régulier en -er, à l’exception près que la dernière voyelle de son radical alterne entre /e/ fermé (écrit É) et /ɛ/ ouvert (écrit È), ce dernier étant utilisé devant le E muet. Un cas particulier est celui du radical du futur et du conditionnel. Avant 1990, le futur et le conditionnel s'écrivaient avec le radical « préférer- », reflétant la prononciation historique /e/. En 1990, l'Académie française prescrit le radical « préfèrer- », reflétant la prononciation avec le /ɛ/ ouvert désormais courante, uniformisant ainsi la distinction dans toute la conjugaison. Les deux orthographes sont en usage aujourd'hui.