dévorer \de.vɔ.ʁe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison)
Dans le monde animal, la sélection ne porte pas sur l’intériorité. Lorsque le loup dévore la brebis ou qu’il s’accouple à la louve, il ne leur demande que d’être sur son passage. C’est la « brebéité » qui l’intéresse et non pas telle brebis, la louve et non pas telle louve.— (Jean Guitton, Essai sur l’amour humain, éd. Aubier, 1948, page 73)
Mazelle Piquegrain, effrayée, leva son aile droite pour se protéger des coups. Aussitôt, le renard surgit et, ni une ni deux, dévora toutes les poules.— (Gudule, La fiancée du singe : Quinze contes d'animaux, Librairie générale française, 2009)
Le dur travail et l’air pur excitent l’appétit. Au petit matin, après un déjeuner copieux, les bûcherons gagnent l’aire de coupe. Ils prennent sur place, en le dévorant, le repas préparé par le cook : du lard, de la mélasse, des galettes.— (Pierre Saucier, Gérard Saucier : sur les traces d’un bâtisseur en Abitibi, avec la collaboration de Claude Bédard-Claret, Presses de l'Université du Québec, 1996, page 124)
Les requins dévorent les autres poissons. — Les brochets se dévorent entre eux. — Il eut dévoré le tout en un moment.
Les chenilles ont dévoré toutes les feuilles de ce rosier.
Dans sa jeunesse, il a dévoré Jules Verne. — Il ne lit pas les livres, il les dévore.
— D’autant plus surprenant qu’enfant, il lisait beaucoup... il dévorait, même, n’est-ce pas, chéri, on peut dire qu’il dévorait ?— (Daniel Pennac, Comme un roman, Gallimard, 1992, page 66)
Chéri opine ; il dévorait.
Dévorer ses chagrins, etc. — Dévorer un affront, une injure.
L’Empereur m’a fait appeler dans sa chambre ; dévorant en silence le contretemps qu’il venait d’éprouver, il se trouvait déjà déshabillé et en robe de chambre.— (Emmanuel de Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène, Deuxième année, « Mardi 9 janvier 1816 » ; Edito Service S.A., Genève, s.d., volume II, page 316)
Pendant de longs siècles, la maison resta bien fragile. . En Champagne et sur le plateau agricole de Porcien, c’est en chaume qu’elle était couverte à la fin du XVIIIe siècle. Les incendies fréquents, calamités de l’ancienne France, dévoraient des villages en un clin d’œil : .— (Octave Guelliot, Villages et maison des Ardennes, dans la Revue de folklore français et de folklore colonial, Librairie Larose, 1937, volume 8, page 188)
Il y avait deux longues heures que nous marchions, dans les champs, sous le soleil qui tombait du ciel comme une pluie de feu ; la sueur ruisselait sur mon corps et la soif, une soif ardente, me dévorait.— (Octave Mirbeau, Le Père Nicolas, dans Lettres de ma chaumière, 1885)
Elle en avait contracté l’eczéma de la face, une éruption suintante qui la dévorait de sa brûlure atroce.— (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
La faim, la soif le dévore. — La fièvre qui le dévore. — Un feu secret la dévore. — Il ne peut plus maîtriser l’ardeur qui le dévore.
Elle continuait à se dévorer en attendant maintenant que, par son oncle, Théodore obtînt ce qui lui avait manqué à elle, et prît dans le monde parisien la situation qu’elle avait ratée.— (Hector Malot, En famille, 1893)