Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
Les 26 et 27 octobre 2019, une quinzaine de personnes se sont réunies à Grenoble pour contribuer au Wiktionnaire. Des personnes débutantes comme confirmées, de Grenoble, Lyon, du Rhône et de Paris. Ce week-end consacré au Wiktionnaire a été organisé par le groupe local des wikimédiens et wikimédiennes, la Cabale à la noix, qui fêtait en cette occasion ses dix ans d’existence ! La journée du samedi était consacrée à la formation collective animée par Noé et Lyokoï, en parcourant les diverses façons d’ajouter du contenu au Wiktionnaire par l’illustration, l’ajout d’exemples, l’ajout de traductions et la rédaction de définitions. La soirée fut l’occasion de faire connaissance, de tomber quelques pichets et de partager un bon gâteau aux noix. La journée du dimanche fut contributive avec un effort collectif pour créer le thésaurus de la noix en français (ainsi qu’en anglais et en russe). Quelques personnes ont poursuivi sur ce thème tandis que d’autres exploraient les mots typiques de la région grenobloise autour de la catégorie français de Grenoble crée pour l’occasion ou vagabondaient autour de leurs marottes ou des discussions spontanées. En deux jours, ce sont 124 nouvelles pages créées et 455 pages modifiées ! En parallèle à la contribution écrite, une session de collecte de son a été menée par Lyokoï, Rémy Gerbet qui est salarié de l’association Wikimédia France et Emma, une service civique qui soutient le développement de l’outil Lingua Libre. Les voix se sont succédées jusqu’à atteindre 800 enregistrements audios ! Une belle expérience qui encourage à reproduire ce format long, offrant un cadre de rencontre et de contribution tous azimuts, convivial et détendu ! Parmi les créations, mentionnons par exemple kōkutsu-dachi, balle contacte, culture du viol, franc-renard, tchoukar, galope-chopine, nucicultrice, énoisage, ruota tedesca ainsi que les thésaurus du retard et le thésaurus autour de rien. Le tout peut être relu grâce au tableau de suivi des activités.
— une chronique par Noé
Un gros chantier est terminé ce mois-ci pour la clarification de la page Aide:Définitions avec l’ajout des explications sur les indications entre parenthèses au début des définitions. Des tableaux organisés, avec des définitions synthétiques et des modèles intégralement documentés. Ces informations, souvent incomprises du lectorat et parfois malmenées par des personnes qui contribuent sans en saisir toutes les subtilités vont enfin pouvoir être utilisées à bon escient. La mise à plat et la rédaction de toutes ces pages ont pris huit mois et ont surtout été réalisées par Noé et par Antoine Bouchez, un étudiant en lexicographie qui a rédigé les définitions dans le cadre du projet de Dictionnaire des francophones (dont on reparlera bientôt). Il reste encore du ménage à faire et des clarifications à apporter, qui sont synthétisées dans le projet sur les informations lexicographiques. Une prochaine étape sera peut-être de proposer des explications via des bulles contextuelles, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres dictionnaires, mais cette aide ne concernerait que la moitié du lectorat qui consulte depuis un ordinateur de bureau et le script pourrait augmenter le temps de chargement des pages. Un développement en réflexion.
— une chronique par Noé
+ 43 173 entrées et 114 langues modifiées pour atteindre 3 819 220 entrées et 1 156 langues avec au moins cinq entrées.
+ 2 883 entrées en français pour atteindre 375 540 lemmes et 563 612 définitions.
Les trois langues qui ont le plus avancé outre le français sont l’espéranto (+ 21 439 entrées), le same du Nord (+ 14 028 entrées) et l’espagnol (+ 1 660 entrées).
+ 15 nouvelles langues pour un total de 4 824 langues : le kilmeri, le siawi, le mer, le namla, le nimo, l’owiniga, le vieux khmer, le murkim, l’amto, le kimki, le biwat, le saweru, l’odiai, le kembra et le karkar-yuri.
+ 2 980 citations ou exemples en français pour atteindre 400 378.
+ 1 950 prononciations (dont 1 516 pour le français) pour atteindre 174 209 prononciations audios pour 116 langues (dont 72 396 pour le français).
+ 267 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les articles du Wiktionnaire, pour atteindre 47 520.
+ 13 thésaurus pour atteindre 613 thésaurus dans 56 langues dont 439 thésaurus en langue française ! Les nouveaux thésaurus sont : l’autisme par .Anja., le café (établissement), le café (boisson) et la cigarette (les trois pour la Lexisession), la ruine, le retard et la noix en anglais par Noé, la spirale par Stephane8888, la douance par Benoît Prieur, le véhicule hybride par Rapaloux, la noix (collectif, pendant le week-end à Grenoble), la noix en russe par Pom445 et pour finir rien par Noé, Tamahashi, Pom445 et Lyokoï.
Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes. La page la plus modifiée ce mois-ci est autrice.
+ 27 mots créés sur les 31 proposés dans les Mots du jour.
+ 1 domaine sémantique : la télédétection spatiale.
La rubrique Wiktionnaire:Questions sur les mots (WT:QM) a enregistré 61 questions en octobre contre 36 questions en septembre et 40 questions en août.
Une activité rare ce mois-ci dans le monde calme de la lexicographie ! Deux courtes chroniques viennent s’ajouter au dictionnaire du mois.
L’Université de Sherbrooke a rendu accessible gratuitement Usito, le dictionnaire contemporain pour le français parlé au Québec. Déjà évoqué brièvement dans les Actualités, il s’agit d’un projet de recherche majeur, l’égal du Trésor de la langue française, qui est construit sur un corpus d’exemples pris dans la littérature québécoise. Les sens sont donc illustrés d’exemples, bien organisés par domaines. Des informations géographiques et des notes diverses accompagnent la lecture. Mis en ligne en 2012, il était sous accès payant, et méconnu en dehors du milieu scolaire. Devenu gratuit d’accès depuis le 3 octobre 2019, et il donne enfin accès à ses 60 000 entrées de qualité. Une ressource de grande valeur, mais protégée par une licence propriétaire, ne facilitant pas sa réutilisation.
Le Dictionnaire étymologique, historique et anecdotique des proverbes et des locutions proverbiales de la langue française de Pierre-Marie Quitard, publié en 1842, a été ajouté à Wikisource et intégralement transcrit par une équipe de Wiktionnaristes et de Wikisourciers. On peut donc saluer Ltrlg, Lyokoï, DaraDaraDara, François GOGLINS, Kaviraf, Noé, Alphabeta, Dudenw, Romainbehar, *j*jac, Acélan, Hector, Shev123, Reptilien.19831209BE1, Fabrice Dury, Jerome Charles Potts, Hsarrazin, Naru682, Yland et trois personnes non inscrites. Cet ouvrage décrit de nombreuses expressions utilisées à l’époque, avec des commentaires parfois érudits, parfois anecdotiques. Une source potentielle pour le Wiktionnaire, mais en considérant bien que ce document date de plus d’un siècle et demi. Vous pourrez y découvrir des expressions telles que « Devenir d’évêque meunier », « Il est fin comme gribouille, qui se cache dans l’eau, de peur de la pluie » ou encore « Avec du temps et de la paille, les nèfles mûrissent ».
Le petit village français de Vongnes a la particularité d’être le seul mot actuellement recensé dans la langue française à se terminer avec une voyelle nasale suivie de la consonne nasale . Une suite de sons tellement rare qu’il ne rime avec aucun autre mot, et qu’on ne le trouve dans aucun dictionnaire de rimes imprimé. Par chance, le Wiktionnaire l’a identifié, et il ne saurait tarder qu’on sache comment on en est arrivé là et que ce petit bijou de la langue française ait la place qu’il mérite au sein des singularités de la facétieuse langue française.
— une chronique par LyokoïImpulsées par le Fantastique groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de Wiktionnaire, les LexiSessions proposent des thèmes mensuels pour dynamiser l’ensemble des Wiktionnaires simultanément. Les thèmes sont suggérés en amont sur Meta et annoncés chaque mois sur la Wikidémie, l’espace principal de discussion. La LexiSession d’octobre était sur le café et la cigarette. Trois thésaurus ont été créés et y ont participé : Basnormand, Classiccardinal, Jpgibert, Noé, Otourly, Pamputt, Pyxido, Sebleouf, Tamahashi et WikiLucas00. Pour le mois de novembre, le thème proposé est le militantisme (avec une option sur la moustache si le premier est trop facile à faire).
Quelques vidéos sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
Ce qui devait arriver, arriva. Le plus grand dictionnaire du monde sur bien des aspects attira le regard intéressé d’un éditeur qui y vit l’occasion d’en extraire une sélection raisonnée et, dans le respect de la licence ouverte, d’en produire un ouvrage à proposer aux amoureux et amoureuses des dicos et à celles et ceux qui en ont besoin (normalement, ça fait du monde). Et pour une fois je vais pouvoir vous en raconter l’histoire, parce que j’ai été au cœur de son récit (bien que le mérite en revient à toutes celles et ceux qui en ont permis la publication).
Tout (oui, absolument tout, ou presque tout…) a commencé dans un café un peu miteux à côté de la gare de Part-Dieu à Lyon. Noé et moi (Lyokoï votre dévoué narrateur) y avons rencontré le directeur des éditions Garnier, Philippe Sylvestre, et l’éditeur en charge du projet d’impression du Wiktionnaire, Maxime Perret (photographié à la Wikiconvention). Nous y sommes allés parce que Wikimédia France nous a mis en contact avec ces personnes qui voulaient « imprimer le Wiktionnaire ». Un brin moqueurs, nous étions curieux de voir comment on pouvait vouloir imprimer 3,7 millions de pages, ou moins follement les 370 000 mots en français que nous avons décrit dans le projet, sachant qu’en comparaison un des plus grands dictionnaires de langue imprimés est le Grand Robert de la langue française, qu’il comporte 100 000 mots, et qu’il fait 6 gros volumes de 7 cm d’épaisseur par tome (soit environ 23 tomes pour 161 cm de large pour le Wiktionnaire, à la grosse louche et au même format).
Mais nous étions dans l’erreur. Ces gens avait une vision bien plus pragmatique de la chose, et avaient décidé d’utiliser une sélection des mots du Wiktionnaire et notamment ses néologismes récents et ceux que les gens recherchent particulièrement. Ils nous proposèrent de nous associer à la création d'un tel ouvrage et j’acceptai après que Noé ait dû refuser car il était déjà sur un autre projet, il vous en reparlera prochainement d’ailleurs. Commença alors la mise en place de la création de l’ouvrage. J’eus à négocier et à construire avec l’éditeur un contrat d’auteur prenant en compte la licence CC-BY-SA, contrat qui sera proposé à tous les rédacteurs et rédactrices prenant part à la relecture des articles du Wiktionnaire.
Puis vint la création de l’ouvrage en elle-même, d’abord la sélection de informations qui seraient conservées : les définitions, les citations, les synonymes, les antonymes, les expressions, les dérivés pour récupérer d’autres expressions, la ligne de forme et la classe grammaticale. Ensuite la création de la liste des mots qui constituera la nomenclature, ces derniers furent choisis parmi une somme de trois sources : les 50 000 mots du Wiktionnaire les plus lus en 2018, les 1500 les plus fréquents dans la langue française, et plusieurs milliers de mots parmi les plus présent dans les manuels scolaires. L’écrémage final ne retint que 32 000 pages du Wiktionnaire pour 40 000 lemmes ou mots. Il a été augmenté d’une préface, de notices étymologiques et de réseaux de mots provenant d’autres ouvrages du même éditeur. Ces compléments ne sont pas sous licence libre. Une liste des 200 plus importants contributeurs et contributrices au Wiktionnaire figure en fin d’ouvrage.
L’étape suivante fut la relecture de toutes ces pages, la sélection de l’information suivant une charte donnée par l’éditeur, et la mise en forme afin qu’un générateur puisse transformer tout ça en un fichier imprimable. Ce fut alors une équipe de 30 personnes, dont j’étais, qui fut en charge de relire toutes ces pages de mars à la mi-juin. Enfin, relecture finale par une société de correction et envoi à l’imprimeur courant juillet. Le Dico est sorti sous deux formats, un qui s’adresse aux scolaires (collège et lycée) et un pour le grand public. Le contenu interne est identique, mais la couverture du dernier est cartonnée et solide, tandis que celle du premier est souple et légère.
Vous pouvez désormais le commander en ligne ou chez votre libraire préféré, et la moitié du pourcentage revenant aux auteurs est reversé par l’éditeur à l’association Wikimédia France qui soutient les Wiktionnaristes, notamment par le développement de Lingua Libre. Si les ventes sont bonnes, il est envisagé des rééditions régulières. — une chronique par Lyokoï