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(1817) Introduit par Gay-Lussac dans les Annales de Chimie, à l’occasion d’une traduction du texte de Friedrich Sertüner publié dans Annalen der Physik parue en 1816 dans lequel est employé le terme morphium. Les deux mots se basent sur une référence à Morphée qui, dans la mythologie grecque, incarne une divinité des rêves prophétiques ayant pour vocation d'endormir les mortels, qui fait donc ici figure de métaphore des caractéristiques narcotiques de la molécule désignée. Les deux termes allemands et français dérivent donc communément, via le latin Morpheus[DÉHF], du grec ancien Morpheús (Μορφεύς) Référence nécessaire, terme lui-même dérivé de morphḗ (μορφή), « la forme, la beauté, l'apparence extérieure ».
L’affixe -ine, lui, est fréquemment employé comme suffixe nominal pour former les noms de substance chimique dès le XVIIIe siècle Référence nécessaire, notamment pour indiquer un alcaloïde Référence nécessaire, à la suite de termes qui en contiennent le morphe préalablement à cette sémantisation. Ainsi albumine est employé dès 1792 Référence nécessaire, dérive d’une apocope du génitif latin albuminis Référence nécessairesans que sa terminaison ne soit encore liée à un suffixe signifiant aussi spécialisé Référence nécessaire, se situant plutôt dans la continuité des dérivations morphologiques Référence nécessaire tels térébenthine, issu du latin terebinthinus dès le XIe siècle et résine, issue du latin resina dès le XIIe siècle. Autrement dit, -ine en variante féminisé de -in, dérive d’une forme caduc de la série de suffixes latins -ina, -inum[DÉHF], -inu, -īnus, -nus décrivant « une appartenance à, un rapport à ». Par ailleurs, kératine(1867[DÉHF]) dérive directement du grec ancien kératinos (κεράτινος) composé de kéras (κέρας), kératos (κέρατος), « corne » et -inos (-ινος) de même sens que -in. Il pourra être noté que ce sens beaucoup moins spécialisé reste cependant cohérent pour le signifié de morphine : la substance désigné à bien trait à Morphée en tant que symbole de torpeur.
Ces expériences (marcher au moins six minutes par jour, instaurer des moments de sortie de routine, s’exposer une heure par jour à la lumière forte ou encore écouter certains morceaux de musique) contribuent en effet à augmenter la sécrétion d’endorphines (les morphines produites naturellement dans le cerveau) et de sérotonine (la molécule de la bonne humeur), qui diminuent la douleur ou la sensation de douleur.— (France Mutuelle Magazine, no 175, janvier-février-mars 2023, page 24)
Le grand palliatif de la douleur, c'est l'opium. La morphine faisait fureur à Lamalou et les piqûres du poison euphorique y étaient aussi nombreuses que celles des moustiques. Quand on avait fini de raconter ses souffrances, leur siège, leur qualité, leurs alternatives, on passait aux doses de toxique ; l'émulation s'y mettait, comme pour l’étalage de la douleur. « Madame, je suis à un gramme par jour. – Oh ! cela n'est guère. Je suis, moi, à un gramme cinquante. »— (Léon Daudet, Souvenirs littéraires – Devant la douleur, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 159)
L’infirmière, arrivée à huit heures, lui fit aussitôt une piqûre. Quand la morphine mit des flotteurs sous le poids de son corps, il vit avec une indifférence étonnée la teinte grise qu’avait prise sa peau.— (Elsa Triolet, Le premier accroc coûte deux cents francs, 1944, réédition Cercle du Bibliophile, page 185)
Quand le docteur N. est venu, elle a réclamé : « Qu’on me pique, autant qu’il faut », et elle imitait le geste de l’infirmière qui lance l’aiguille. « Ah ! ah ! vous allez devenir une vraie droguée ! » a dit N., et sur un ton badin : « Je pourrai vous fournir de la morphine à des prix très avantageux. »— (Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964, Le Livre de Poche, page 115)
A l'hôpital, soigné à la morphine, il en était devenu dépendant, ne pouvait plus s'en passer, l'appelait sa fée grise. « En voulez-vous ? proposa-t-il à Verlaine qui commandait une énième absinthe. Ça vous changera de la fée verte. »— (Jean Teulé, Ô Verlaine, Éditions Julliard, 2010, chapitre 59)
En songeant que le liquide s’était éventé, bien qu’enfermé dans une boîte métallique, il fut ressaisi par le doute qui le tenaillait : quarante ans et des broquilles s’étaient écoulés depuis qu'on avait transformé l’opium de l’Empire des Indes en morphine dans les labos de Sa Gracieuse Majesté.— (Thierry Marignac, Morphine Monojet : ou Les fils perdus, Éditions du Rocher, 2016)
On trouve le reste en pharmacie : morphine ou méthédrine, une amphétamine prisée des routards ; et en avant la fixette, à moi les cachetons avalés entre deux shiloms.— (Patrick Kurtkowiak, Sexy Sixties, mon doux chaos, Éditions Librinova, 2016, chapitre 9)