Le nom peut apparaître dans trois états : indéterminé, déterminé et d'annexion.
Les noms (et adjectifs) peuvent être déclinables, ou indéclinables. Les termes indéclinables ne prennent pas de marques casuelle.
(Sacy 901) Par rapport à la manière dont ils forment leurs cas au singulier indéfini, on peut diviser les noms et les adjectifs arabes déclinables en deux classes.
féminin | nominatif | accusatif | génitif |
---|---|---|---|
singulier | زَرَزَةٌ (zaraz@ũ) | زَرَزَةً (zaraz@ã) | زَرَزَةٍ (zaraz@ĩ) |
duel | زَرَزَتَانِ (zarazatâni) | زَرَزَتَيْنِ (zarazatayni) | |
pluriel | زَرَزَاتً (zarazâtã) | زَرَزَاتٍ (zarazâtĩ) |
Le tanwin est une marque d'indétermination qui peut affecter le singulier, et le féminin pluriel. Il fonctionne théoriquement comme un suffixe, mais suit des règles particulières :
Dans le cas de la désinence -an, noter que le ـًا (-ã) est suivi d'un alif, purement orthographique, qui ne se prononce pas. Cet alif disparaît lorsque ce tanwin porte sur un ـة (-@) tāʾ marbūṭa :
Le tanwin étant une marque d'indétermination, il disparaît dans les formes déterminées, c'est-à-dire préfixées par الـ (el-). Dans ces cas, la voyelle casuelle retrouve sa forme non dédoublée, ـُ (-u), ـِ (-i) et ـَ (-a).
Ce n final tombe également lorsque le substantif forme la première partie d'une "annexion", c'est-à-dire une construction de substantifs dont le second terme est au génitif (ex.: la maison de l'homme, la voiture des amis). Dans la logique de la phrase, le second terme est en effet automatiquement défini par l'annexion au nom qu'il complète.
Le duel et le pluriel sont également marqués par un ن (n) rajouté en fin de mot, mais qui porte une voyelle. Cette consonne peut être considérée comme « une sorte de tanwin », mais est d'un caractère différent :
(Sacy 899) Des trois cas que les Arabes ont dans les noms,
Mais, pour ne point introduire sans nécessité, ou sans une notable utilité, de nouvelles dénominations grammaticales, j'appellerai, avec les grammairiens qui m'ont précédé, le premier cas nominatif, le second génitif, et le troisième accusatif ; et quoique ces dénominations ne soient pas exactes, elles indiquent cependant une analogie, qui n'est pas sans quelque vérité, entre les cas de la langue latine qui portent ces noms, et ceux de la langue arabe auxquels on les a transportés.
En dehors du cas du singulier d'une déclinaison d'un terme triptote, les déclinaisons prennent une forme identique pour le génitif et l'accusatif. Dans ce cas, le nominatif peut être appelé « cas direct », et l'autre forme désignée simplement par « cas oblique ».
La déclinaison d'un terme distingue trois nombres :
Le pluriel d'un mot peut être régulier, ou être un pluriel « brisé ».
(Palmer 55) Les pluriels réguliers se forment par suffixe :
Noter que certains mots masculins font leur pluriel en pluriel sain féminin en ـَاتٌ, suivant la conjugaison du pluriel régulier féminin.
Un mot dont le pluriel est « brisé » ne suit pas la forme plurielle régulière : le pluriel fait appel à un autre mot de même racine mais de forme différente (voire plusieurs), sans lien nécessaire avec la forme singulière. Un schème singulier peut conduire à différents pluriels brisé, et un schème de pluriel brisé peut répondre à différents schèmes singulier (il peut également lui-même être un schème singulier et admettre ses propres pluriels brisés...).
Sur le plan de la conjugaison, ces pluriels irréguliers peuvent être considérés comme un singulier (nom de groupe), et sont déclinés comme tels. Donc, le pluriel de « un livre » كِتَابٌ (kitâbũ) n'est pas « des livres » (* كِتَابُونَ (kitâbûna)), mais en arabe « un paquet de livres », qui a la forme du singulier et se traduit par كُتْبٌ (kutbũ). Ce terme a sa propre déclinaison, et peut lui-même être mis au duel (Wright299-h) voire au pluriel (des paquets de livres).
Par rapport au terme singulier, on peut dire que dans ce cas, il n'y a pas de pluriel régulier, « des livres » (* كِتَابُونَ (kitâbûna)) n'existe pas. Dans ce cas, le tableau de déclinaison du terme initial se limite au singulier et au duel ; pour le reste il suffit de renvoyer au pluriel brisé et sa propre déclinaison.
Les pluriels irréguliers peuvent être triptotes ou diptotes, comme les formes singulières.
Note :
Lorsque le pluriel d'un mot est régulier, la déclinaison prend les formes suivantes pour les termes indéfinis :
nominatif | accusatif | génitif | |
---|---|---|---|
singulier | زَرَزٌ (zarazũ) | زَرَزًا (zarazã) | زَرَزٍ (zarazĩ) |
duel | زَرَزَانِ (zarazâni) | زَرَزَيْنِ (zarazayni) | |
pluriel | زَرَزُونَ (zarazûna) | زَرَزِينَ (zarazîna) |
Le pluriel donné ici n'est que celui du masculin pluriel. Pour les formes en ـة (-@) ou les termes féminin, voir ci-dessous.
Les formes déterminées s'en déduisent aisément :
On a donc :
Les formes définies s'en déduisent aisément :
Les diptotes s'éloignent de la conjugaison générale sur deux points, dans le cas indéterminé :
En revanche, au cas défini (préfixés par الـ (el-) ou en forme construite), ils retrouvent les trois voyelles casuelles du cas général.
Indéfini | nominatif | accusatif et génitif |
---|---|---|
singulier | زَرَزُ (zarazu) | زَرَزَ (zaraza) |
duel | زَرَزَانِ (zarazâni) | زَرَزَيْنِ (zarazayni) |
pluriel | زَرَزُونَ (zarazûna) | زَرَزِينَ (zarazîna) |
Un qualificatif triptote d'un nom diptote conserve sa déclinaison normale :
La déclinaison peut être altérée pour les racines défectives, dont la troisième (dernière) consonne est un و (w) ou un ي (y), dans la mesure où ces semi-consonnes glides sont susceptibles de se transformer ou de disparaître en fonction de leur environnement.[1]
Déclinaisons | nominatif | accusatif | génitif |
---|---|---|---|
singulier | زَرٍ (zarĩ) | زَرِوًا (zariwã) | زَرٍ (zarĩ) |
duel | زَرِيَانِ (zariyâni) | زَرِيَيْنِ (zariyayni) | |
pluriel | زَرُونَ (zarûna) | زَرِينَ (zarîna) |
Le premier type d'altération est celui des schèmes pour lesquels la deuxième (avant-dernière) consonne porte un i bref. C'est notamment la forme des participes actifs (nom d'agent). C'est par exemple la déclinaison de قَاضٍ (qâDĩ), juge, de la racine ق ض ي (q D y). Dans ce cas :
Les formes construites n'ont pas d'influence sur ces transformations, et s'en déduisent comme dans les cas réguliers pour ce qui est du préfixage d'un أَلْ (al) ou de la suppression d'un ن (n) aux différents cas. La seule (petite) difficulté est dans la forme contractée en in, qui donne une forme en î long de type الزَّرِي (elzarî) dans l'état défini (donc au nominatif et au génitif).
Ces transformations sont les mêmes pour les racines défectives, qu'elles soient en y ou en w.
Déclinaisons | nominatif | accusatif | génitif |
---|---|---|---|
singulier | زَرًا (zarã) | زَرًا (zarã) | زَرًا (zarã) |
duel | زَرَوَانِ (zarawâni) | زَرَيْنِ (zarayni) | |
pluriel | زَرَوْنَ (zarawna) | زَرَيْنَ (zarayna) |
Déclinaisons | nominatif | accusatif | génitif |
---|---|---|---|
singulier | زَرًى (zarãé) | زَرًى (zarãé) | زَرًى (zarãé) |
duel | زَرَيَانِ (zarayâni) | زَرَيْنِ (zarayni) | |
pluriel | زَرَوْنَ (zarawna) | زَرَيْنَ (zarayna) |
Le second type d'altération est celui des schèmes pour lesquels la deuxième (avant-dernière) consonne porte un a bref. C'est la forme notamment des participes passifs, à partir de la deuxième forme verbale. Dans ce cas :
A/ Les formes définies se déduisent aisément des formes indéfinies :
B/ Les noms propres sont par nature définis (Sacy 925). Ils suivent cette forme de déclinaison, sans avoir besoin d'être préfixé par الـ (el-). Pour les mots isolés pouvant être définis ou indéfini, le caractère défini est marqué par le préfixe inséparable الـ (el-), équivalent fonctionnel de l'article défini (le, la, les).
C/ La détermination peut également se faire par l'addition d'un complément (Sacy 924). (Sacy 928) L'annexion d'un complément est de deux espèces :
Les noms et les adjectifs singuliers (et les pluriels irréguliers, se comportant comme des singuliers) se comportent alors comme quand ils prennent un article (et ont donc la même déclinaison, qu'ils soient diptotes ou triptotes).
Le pluriel donné ici n'est que celui du masculin pluriel.
nominatif | accusatif | génitif | |
---|---|---|---|
singulier | زَرَزُ (zarazu) | زَرَزَ (zaraza) | زَرَزِ (zarazi) |
duel | زَرَزَا (zarazâ) | زَرَزَيْ (zarazay) | |
pluriel | زَرَزُو (zarazû) | زَرَزِي (zarazî) |
Les liaisons imposent dans certains cas de restaurer une voyelle à une semi-consonne finale du terme :
singulier | duel | pluriel | |
---|---|---|---|
1re P. | ـِي (-î), ـِيَ (-iya) |
ـنَا ( -nâ ) | |
2e M | ـكَ (-ka) | ـكُمَا ( -kumâ) | ـكُمْ ( -kum) |
2e F | ـكِ (-ki) | ـكُنَّ ( -kunna) | |
3e M | ـهُ ( -hu) | ـهُمَا ( -humâ) | ـهُمْ ( -hum) |
3e F | ـهَا ( -hâ) | ـهُنَّ ( -hunna) |
Les formes avec pronom suffixe rapportent le mot décliné à la personne considérée :
Dans le cas général, la forme construite avec un pronom possessif est (ici, avec ـهُ (-hu)) :
nominatif | accusatif | génitif | |
---|---|---|---|
singulier | زَرَزُهُ (zarazuhu) | زَرَزَهُ (zarazahu) | زَرَزِهُ (zarazihu) |
duel | زَرَزَاهُ (zarazâhu) | زَرَزَيْهُ (zarazayhu) | |
pluriel | زَرَزُوهُ (zarazûhu) | زَرَزِيهُ (zarazîhu) |
Les affixes de la troisième personne ـهُ ( -hu), ـهُمَا ( -humâ), ـهُمْ ( -hum) et ـهُنَّ ( -hunna), changent leur dhamma (u) en kesra (i) quand ils sont précédés immédiatement d'un kesra, ou d'un ـِي (-î), ou enfin d'un ـَيْ (-ay°) formant une diphtongue. Cette règle, cependant, n'est pas adoptée par tous les grammairiens arabes.
La première personne, qui ne débute pas par une consonne et est formée d'une voyelle longue, suit des règles particulières de rattachement au mot :
Le cas particulier de la première personne du singulier devient:
nominatif | accusatif | génitif | |
---|---|---|---|
singulier | زَرَزِي (zarazî) | زَرَزِي (zarazî) | زَرَزِي (zarazî) |
duel | زَرَزَايَ (zarazâya) | زَرَزَيَّ (zarazayya) | |
pluriel | زَرَزِيَّ (zaraziy²a) | زَرَزِيَّ (zaraziy²a) |
(Bresnier p. 248) Quelques mots dérivés de racines défectueuses, et réduits à une ou deux lettres par des convenances euphoniques et orthographiques, ajoutent la lettre de prolongation à la voyelle du cas lorsqu'ils gouvernent un nom ou un pronom. Ce sont les mots :
auxquels il faut joindre فٌ (fũ) (contraction de فَوْهٌ (fawhũ), bouche), et ذٌ (Vũ) (de ذَوَى (Vawé), inusité, possesseur de...)
Lorsqu'ils sont déterminés par une structure d'annexion ou par un pronom suffixe, ces « cinq noms » forment leur voyelle casuelle avec une voyelle longue, au lieu d'une voyelle courte. On aura ainsi :
Avec le suffixe ـِي (-î), ces mots prennent le suffixe en perdant la voyelle casuelle :
(Bresnier p. 247 - Sacy 912)
Quelques mots sont diptotes, c'est-à-dire :
Ce sont les mots appartenant aux formes suivantes :
{{ar-a**a*u}}
) pourvu qu'ils ne forment pas leur féminin par l'addition du ـة (-@).
Les mots se terminant en ـى (-é) (alif bref) non radical ne se déclinent pas.
(Sacy 897) Les particules , quoique indéclinables de leur nature, deviennent cependant déclinables quand on les considère comme des noms substantifs susceptibles de recevoir des qualificatifs. Elles subissent alors des altérations dans leurs formes primitives. Voici la règle que donne à cet égard Djewharï, dans le Sihah, au mot لَو (law) :
Ex. : كَتَبْتَ لَآءُ جَيِّدَةُ (katabta l~'u jay²id@u) : tu as écrit un bon « NON ».
Indéfini | Défini | Construit | |||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
N | A | G | N | A | G | N | A | G | |||||
Triptotes | ـٌ (-ũ) | ـًا (-ã) | ـٍ (-ĩ) | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـِ (-i) | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـِ (-i) | ||||
Diptotes | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـِ (-i) | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـِ (-i) | |||||
Cinq noms | ـٌ (-ũ) | ـًا (-ã) | ـٍ (-ĩ) | ـُ (-u) | ـَ (-a) | ـِ (-i) | ـُو (-û) | ـَا (-â) | ـِي (-î) | ||||
Défectifs en ـِي et ـِو | ـٍ (-ĩ) | ـِيًا (-iyã) | ـٍ (-ĩ) | ـِي (-î) | ـِيَ (-iya) | ـِي (-î) | ـِي (-î) | ـِيَ (-iya) | ـِي (-î) | ||||
Défectifs en ـَي et ـَو | ـًا (-ã) | ـَا (-â) | ـَا (-â) | ||||||||||
Invariables en ـَا | ـَا (-â) | ـَا (-â) | ـَا (-â) | ||||||||||
Duel | ـَانِ (-âni) | ـَيْنِ (-ayni) | ـَانِ (-âni) | ـَيْنِ (-ayni) | ـَا (-â) | ـَيْ (-ay) | |||||||
Masculin pluriel | ـُونَ (-ûna) | ـِينَ (-îna) | ـُونَ (-ûna) | ـِينَ (-îna) | ـُو (-û) | ـِي (-î) | |||||||
Féminin pluriel | ـٌ (-ũ) | ـٍ (-ĩ) | ـُ (-u) | ـِ (-i) | ـُ (-u) | ـِ (-i) |