Actualités du Wiktionnaire
Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
+ 37 414 entrées et 71 langues modifiées pour atteindre 4 170 253 entrées et 1 194 langues avec au moins cinq entrées.
+ 7 011 entrées en français pour atteindre 388 338 lemmes et 589 693 définitions.
Les trois langues qui ont le plus avancé outre le français sont le portugais (+ 18 298 entrées), le same du Nord (+ 7 024 entrées) et l’allemand (+ 1 632 entrées).
+ 1 nouvelle langue pour un total de 4 866 langues : le xiang (+2).
+ 4 754 citations ou exemples en français pour atteindre 452 380.
+ 271 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les articles du Wiktionnaire, pour atteindre 51 152.
+ 3 400 prononciations (dont 955 pour le français) pour atteindre 222 331 prononciations audios pour 122 langues (dont 101 274 pour le français).
+ 223 nouveaux thésaurus pour atteindre 1 068 thésaurus dans 66 langues dont 779 thésaurus en langue française ! Les nouveaux thésaurus ont été créés dans le cadre du défi Thésaurus (voir plus bas dans ce numéro des Actualités).
Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes.
+ 5 mots créés sur les 30 proposés dans les Mots du jour.
+ 7 domaines sémantiques : soierie, théorie des nœuds, banque, conchyliologie, gastronomie, habitat, mythologie chinoise, fantasie.
La rubrique Wiktionnaire:Questions sur les mots (WT:QM) a enregistré 24 questions en novembre contre 35 questions en octobre et 34 en septembre.
Pas d’idées pour vos cadeaux ? Pensez à la grapholinguistique ! Cette discipline nouvelle, que l’on peut très brièvement et très imparfaitement décrire comme une linguistique du signe écrit, et qui complète la linguistique issue de Saussure (lequel, pour résumer, n’avait que très peu d’intérêt pour l’expression écrite du langage), propose de nombreux textes et actes de colloque. On en trouvera une sélection chez Fluxus éditions, une maison d’édition sise en Bretagne qui publie hélas essentiellement en anglais (car cette langue est devenue la langue véhiculaire académique). On appréciera l’excellent The Nature of Writing–A Theory of Grapholinguistics, de Dimitrios Meletis, en attendant deux ouvrages en français : la réédition tant attendue de la Sémiologie de la typographie (1979-1982), du regretté Gérard Blanchard, et L’Écriture dans la représentation de la langue – La lettre et le mot en arabe, de Joseph Dichy, à paraître en 2021. Il est à noter que certains des ouvrages de Fluxus éditions sont en accès libre sur le web.
On pourra également conseiller une série de trois documentaires de belle facture, consacrés à l’Odyssée de l’écriture. Peut-être plus faciles d’accès, ils sont produits par Arte et complèteront utilement les textes universitaires cités plus haut.
Comme chaque année, l’équipe Community Tech des développeurs de la Wikimedia Foundation invite à faire remonter des demandes techniques qui seront cette année ouvertes aux votes entre le 8 et le 21 décembre. Le but est de prioriser les besoins. L’année dernière, les développements étaient axés sur les projets qui n’en bénéficient jamais, du fait de la prime à la majorité. Pour autant, rien n’a été développé pour le Wiktionnaire, ce qui a poussé à moins d’investissement collectif cette année. Vous pouvez cependant aller consulter l’ensemble des propositions. Voici quelques propositions qui concernent directement le Wiktionnaire :
Dans nos sociétés évolutives, le sens des mots varie, vole, se déforme, s’extrapole, aussi vite que la communication se globalise. On en oublierait le pourquoi du comment tel mot existe et s’utilise pour véhiculer le sens profond qui fait que des individus ou des groupes d’individus se comprennent et s’entendent. Il n’y a rien de pire que la mésentente liée à l’usage d’un sens erroné.
Com-prendre, c’est prendre avec. Définir un mot comme un seul assemblage de lettres, c’est priver une loi de son esprit, actualité brûlante. Et l’esprit d’un mot est la substantifique moelle qui en donne une saveur incomparable. Mais comment extraire ce fameux jus sans dénaturer la cuisine alchimique (au sens arabe initial de mélange) qui réjouira notre entendement le plus profond ? Voilà le rôle essentiel (de essence) du sémantiste (!) (Tiens ce rôle n’est pas reconnu, alors que le sémantisme, l’est).
C’est qu’un mot n’est pas un objet, mais un amalgame complexe d’objets élémentaires. N’est-ce-pas le rôle d’un dictionnaire de présenter le fil de son évolution dans le dédale historique de sa présence géographique ? Pour mieux comprendre, justement, ce qu’il véhicule. Contempler l’arbre dans sa grandeur, c’est oublier le réseau complexe de racines sans lequel il ne serait pas. Mais voir l’ensemble est tellement beau que l’on ne peut que s’épanouir humblement devant sa force majestueuse. Rechercher le sens perdu, initial, devient vite une passion formelle, dévorante, absolue, une maîtresse exigeante, éternellement insatisfaite mais ô combien valorisante lorsque l’orgasme parait. C’est quelquefois long, difficile. Il faut de la patience, de la ténacité, du temps. Au bout du chemin la lumière est souvent éblouissante et la vérité peut s’épandre comme un virus sorti d’un cluster (à connotation dramatique), tandis qu’il s’était recueilli dans un cloistre (à connotation spirituelle).
La racine étymologique est fondamentale. Quand on en trouve des traces. Ce que l’on appelle chez nous des attestations. Elle est passée par ici et repassera par là. Mais quel chemin a-t-elle emprunté pour se développer ? C’est oublier l’effet de translation qui se traduit (!) de groupe en groupe par une translation de sens. D’objet élémentaire, le mot prend corps par translation ou « reconnaissance de son existence ». La communication est établie dès lors que le sens est reconnu. À cet effet, il y a un risque à prendre qui est celui … de ne pas l’être. La naissance élémentaire est fondamentale, qui attache un sens à l’assemblage de lettres. Il faut seulement attendre la résonance qui assure que l’on est compris et que la vie d’usage peut commencer. Si l’idée, la notion, le concept est clair, il y a de fortes chances que la translation ait lieu, et que le mot entame son périple romanesque. N’est-ce-pas là, également, le rôle d’un dictionnaire de mettre en évidence le trajet suivi par le sens dans son évolution lexicale ?
Les exemples foisonnent pour une imagination fertile. Le mot grotte par exemple, que l’on dit issu du grec ancien κρύπτη, krúptē (« voûte souterraine »), ne serait-il pas plus exactement issu d’une onomatopée des premiers hommes cherchant un refuge habité par des ours grognant ? Va savoir. Le mot gone désignant l’habitant de Lyon (dont on cherche vainement la désinence féminine) ne serait-il pas simplement dérivé du grec ancien γονεί, goni (« autochtone »), donné par les colons viticoles grecs aux habitants locaux, comme nous traiterions d’« indigène » les habitants de nos colonies ? Ou encore, l’expression battre son plein est-elle née au bord de la mer où les vagues tempétueuses paraissent battre leur plein ? Ou bien vient-elle plus sûrement de la vie de nos campagnes qui résonnait fondamentalement du son des tambours (sur les champs de bataille) et du son des cloches (dans les villages) ? On imagine aisément que lorsque les tambours et les cloches battaient son plein, il se passait quelque chose d’identifiable.
Mais alors, le gaga (habitant de Saint-Étienne), ne serait-il pas plutôt un gagat, exploitant le jais local (ou gagate) en tant que gagatier, devenu gaga par aphérèses successives ? Au même titre que le bougnat n’est rien d’autre qu’un charbougnat (charbonnier auvergnat), par apocope.
Ainsi naissait le mot, par un phonème répétible (comme cela se produit encore de nos jours), et la résonance dans le temps tic tac tic tac tic… Le mot est bien un assemblage de lettres qui a un sens. C’est son usage pour communiquer qui en fait sa valeur lexicale. Dans un dictionnaire, il ne paraîtra que lorsque son attestation est suffisante : aucune = c’est même pas la peine ; 1 seule : c’est un hapax qui doit attendre la résonance par translation ; 2, c’est gagné, il a une chance de survivre à l’épreuve du temps. Et c’est toute la difficulté de notre projet, qui se veut vivant. Aussi, avant de promouvoir un mot est-il indispensable de rechercher des attestations, d’une part, et d’autre part, de s’astreindre à une méthodologie stricte qui n’exclut pas la nouveauté, tout en ne lui donnant pas une valeur sémantique que seul le temps peut lui donner.
La naissance (validité étymologique ou autrement appelé caractère constructible) et la translation (reprise sémantique) sont les deux pôles indissociables du travail sémantique. Ce travail de définition est parfois colossal → voir feuille, cordon et tenir, mais extrêmement valorisant lors que l’on parvient au terme de l’organisation. Il est également chronophage. Mais il faut bien comprendre que le lecteur aura plus d’intérêt à consulter une telle page, plutôt que les pages faire ou cœur qui ne sont pas articulées autour d’une substantifique moelle. En conclusion, nous avons un énorme travail d’organisation devant nous, au service du plus bel outil de communication dont la Nature nous a doté : le langage. C’est le passage du phonème au lexème qui permet de différencier l’animal de l’Homme. Il n’y a pas si longtemps que cela !
Que dire alors, au risque de choquer les esprits sensibles aux caricatures, du mot bible, dont l’étymologie grecque est claire, mais comporte elle-même le radical hébreu BBL que l’on retrouve dans Babel et Babylone, dont l’interprétation nous indique qu’il s’agit d’un recueil de récits historiques regroupés, naissance élémentaire du premier livre d’Histoire (ou livre d’histoires) de notre humanité. Ce n’est pas rien tout de même !Office québécois de la langue française, Grand dictionnaire terminologique, en ligne, 1974-
Les langues évoluent et se nourrissent des langues en contact. Cependant, lorsque l’équilibre entre deux communautés linguistiques est instable ou largement en faveur d’une langue, il arrive que des communautés mettent en place des institutions de planification linguistique pour « aider » une langue. Il existe bien des manières de le faire, et celui de l’Office québécois de la langue française (OQLF) a été la création d’une banque de mots bilingues, qui a évolué depuis 1974 pour devenir le Grand dictionnaire terminologique (GDT).
Fédérant plusieurs ressources, dont les fiches créées par l’OQLF, ce site internet est en ligne depuis 2000, après avoir circulé sur cd-rom. Il propose plus de trois millions de termes français et anglais, avec marginalement quelques autres langues dont le latin scientifique, l’espagnol et quelques langues des Premières Nations. Une collaboration depuis une quinzaine d’années avec la Commission d’enrichissement de la langue française qui publie au Journal Officiel de la France ainsi que sur le site internet FranceTerme permet d’indiquer les propositions alternatives de nouveaux mots également.
Comme le nom l’indique, ce n’est pas un dictionnaire général mais un recueil de termes techniques, lié à des spécialités. Les définitions sont donc précédées d’indications de domaines. Ce sont plus de 4 000 concepts hiérarchisés en domaines et sous-domaines. Les plus hauts niveaux correspondent aux lexiques du Wiktionnaire, et la plupart trouvent une correspondance. Les niveaux inférieurs peuvent être des spécialités très précises, qui n’auront pas d’équivalence dans les dictionnaires usuels, ainsi que ce que le Wiktionnaire appelle des listes thématiques, correspondant à des listes d’entités hyponymes d’un concept central, tel que les listes de vents ou de noms de fleuves.
Chaque fiche propose une définition rédigée ainsi qu’un équivalent en anglais et des commentaires normatifs indiquant quel terme le Québec propose de privilégier. Dépourvues d’exemples d’usage, les fiches sont cependant rédigées avec rigueur, suivant un guide de rédaction de définitions terminologiques rédigé par Robert Vézina et ses collègues. La partie pédagogie et grammaire est déléguée à une autre partie du site, la Banque de dépannage linguistique ainsi que la toponymie avec la Banque de noms de lieux du Québec qui contient plus de 275 000 noms de lieux du Québec.
Ces ressources sont d’un usage courant au Québec, mais aussi au-delà au sein de la francophonie de par la qualité du travail produit. C’est un travail de référence dont la consultation est cependant parfois peu aisée de par l’organisation thématique, et qui n’est pas publié sous licence libre, contrairement à FranceTerme, dont nous reparlerons dans un prochain numéro.Quelques émissions audio ou vidéo sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
Ces propositions, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Noé, Hildepont et Lepticed. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont créé les mots !
En novembre, nouveau défi collectif de création de thésaurus !
Le premier objectif était d’atteindre cent nouveaux thésaurus en un mois, ce qui a été réalisé le 22 novembre !
Le deuxième objectif : atteindre 1 000 thésaurus dans le Wiktionnaire, soit en créer 155 en un mois. Ce chiffre est symbolique puisque c’est le nombre d’entrée dans le Thesaurus de Roget, ainsi que dans le Dictionnaire idéologique de Robertson, présenté dans les Actualités de novembre 2019 et pour lequel vous êtes invités à participer à la transcription collaborative sur Wikisource. Cet objectif a été rempli le 28 novembre !
Le troisième objectif secret était de surpasser le défi du mois de mars. C’était 176 thésaurus qui avaient été créés et 34 qui avaient été revus pour proposer plus de dix mots. Le seuil de 176 a été atteint en novembre, ainsi que celui de 210 puisque ce furent 223 thésaurus qui ont été créés en un mois !
Un autre record a été atteint avec la création en une seule journée, le 30 novembre, de 64 thésaurus !
Trente-deux personnes ont participé, avec des créations individuelles mais aussi beaucoup de créations collectives réalisées sur Discord avec un partage d’écran et des suggestions de mots qui fusent.
Des thèmes variés ont été couverts, allant de l’atome à la planète Mars, de la corde au cou, de la diplomatie à la mafia, de la plage à l’enfer (666ème thésaurus en français !), du facile comme du difficile et même le thésaurus de trop.
Sept langues ont gagné des thésaurus, dont l’espéranto avec 27 nouveaux thésaurus et 6 en russe.