Actualités du Wiktionnaire
Wiktionnaire:Actualités est un journal mensuel sur le Wiktionnaire, les dictionnaires et les mots. Il est publié en ligne depuis avril 2015. Son écriture est ouverte à toutes les bonnes volontés. Vous pouvez recevoir un avis lors de la publication des prochains numéros, consulter les anciens numéros et participer au brouillon de la prochaine édition. Vous pouvez lire aussi les Regards sur l’actualité de la Wikimedia. Pour les commentaires, critiques ou suggestions, voir la page de discussion.
Quelques émissions audio ou vidéo sur la lexicographie, la linguistique et la langue française sorties ou découvertes ce mois-ci.
+ 99 707 entrées et 63 langues dont le nombre d’entrées a été modifié, pour atteindre 5 956 382 entrées et 1 426 langues avec au moins cinq entrées.
+ 890 entrées en français pour atteindre 429 110 lemmes et 676 625 définitions.
Les cinq langues qui ont le plus avancé, outre le français, sont l’italien (+ 75 803 entrées), le same du Nord (+ 9 935 entrées), l’allemand (+ 9 845 entrées), le kotava (+ 841 entrées), et l’arabe (+ 348 entrées).
Une nouvelle langue ajoutée ce mois-ci : le mandarin (+3).
+ 6 044 citations ou exemples en français pour atteindre 643 749 pour les entrées en français, et 300 186 pour les entrées d’autres langues (+6 106)
+ 1 576 médias d’illustrations (images et vidéos) dans les pages principales du Wiktionnaire, pour atteindre 89 067.
Notez que les statistiques ci-dessus portent exceptionnellement sur quinze jours, suite à un problème technique. Elles complètent celles du mois dernier, qui durent être intégrés dans les Actualités après la date de publication. Les prochaines devraient revenir à un rythme normal !
+ 21 321 sections de langue contenant au moins une prononciation audio (dont 293 pour le français) pour atteindre 642 977 sections de langue contenant au moins une prononciation audio pour 177 langues (dont 199 576 pour le français).
+ 11 nouveaux thésaurus ce mois-ci, le total est de 1 232 thésaurus dans 76 langues dont 897 thésaurus en langue française. Les nouveaux thésaurus sont pour la randonnée, la tache et la tâche par Noé ; l’équitation par .Anja. ; la conjugaison, le socialisme, le fascisme, le nationalisme, le capitalisme, rien en anglais et les minorités sexuelles et de genre en anglais par Sayoxime.
+ 129 bonnes entrées, pour atteindre 418 bonnes entrées (dont 232 en français et 131 en allemand, soit un énorme bond en avant pour cette langue), et toujours 4 très bonnes entrées. Au total, 19 langues proposent des bonnes entrées, dont 3 nouvelles : le bulgare, le danois et l’ukrainien. DE8AH pour l’allemand et Harmonide pour le reste ont proposé ces évaluations.
Wikiscan et Wikistats donnent chaque mois accès à beaucoup de mesures, dont la liste des pages les plus consultées et des pages modifiées par le plus de personnes.
+ 18 mots créés sur les 32 proposés dans les Mots du jour ! Merci à Àncilu, Bercours, Bpierreb, ElsaBester, Harmonide, Pamputt, Sayoxime et Surorge !
Dès sa prise en main, ce glossaire des mots du livre instruit : il est relié de telle sorte qu’il permet de voir le dos du livre, sous sa jaquette, et sa première de couverture reproduit un schéma représentant les différentes parties de l’ouvrage, ce qui permet d’identifier avec certitude la gouttière, la garde ou le pied de page. Ensuite, l’ordre alphabétique, qui préside à l’ouvrage, fait en sorte que sa première entrée soit… l’achevé d’imprimer !
Dès lors, convaincu d’avoir en main un travail méritant notre attention, nous le parcourons avec jubilation. Et l’on se réjouit d’apprendre que le marbre était le plus souvent de liais, avant d’être en cuivre, puis en fonte. Et que travailler de mèche signifiait, dans un atelier d’imprimerie, œuvrer à la lueur d’une même bougie ! On ne se risque plus à confondre le pied de mouche et la chiure de mouche, et l’on se délecte d’apprendre ce qu’était le papier brouillard ou un double-trismégite !
Tous les aspects du livre sont mentionnés, et l’on notera avec plaisir le soin apporté à la rédaction des notules concernant la reliure. Il est rare d’expliquer avec une telle concision l’opération de comblage ! Le vocabulaire des ateliers est restitué avec le même soin que les termes techniques (un cahier central est même consacré à ces derniers). Et l’ensemble est parsemé de précieuses notices biographiques qui nous rappellent combien le livre est œuvre humaine. Je me suis notamment réjoui d’y voir cité, parmi nombre de grands noms ayant marqué l’histoire de l’imprimerie, ce modeste amateur qu’était Pierre-André Benoît : il éditait artisanalement des livres de tous formats, mais parfois minuscules, tirés à un petit nombre d’exemplaires. Et j’invite notre lectorat à découvrir son musée à Alès, dans le Gard.
Érudit, précis, l’ouvrage de Christian Laucou et Éric Dussert réjouira tous les amateurs de livres.
L’écriture d’un dictionnaire nécessite une sensibilité à la diversité, à la subtilité et à l’altérité. Durant l’exploration des usages des mots, il est courant de découvrir des manières de faire surprenantes, qui ne sont pas les nôtres, pas celles que l’on utilise personnellement ou au sein de notre communauté. Et le lexicographe doit s’ouvrir à ces usages. S’intéresser autant aux autres qu’à ses propres habitudes, afin de décrire toute la langue, avec ses dynamiques et ses espaces de friction. Un bon dictionnaire ne devrait pas éluder des usages selon l’appréciation sensible des personnes qui les rédigent, mais au contraire couvrir tout le spectre de la société et décrire chaque sens, en indiquant qui les emploie, et qui les conteste éventuellement.
C’est une tâche difficile, qui est mieux réalisée par un grand nombre de personnes, à même de compléter les manques des premières ébauches, à même d’attraper davantage de diversité et d’apporter de la nuance. Le temps participe à l’amélioration de la description de la langue, mais parfois, des frictions apparaissent entre les personnes qui rédigent le dictionnaire, ou les personnes qui l’éditent et le vendent quand il s’agit de groupes de personnes différentes — dans le Wiktionnaire, la rédaction et la mise en page est réalisée par les mêmes personnes, et il n’y a pas de dimension commerciale susceptible d’altérer le contenu.
Une autre raison à l’absence d’une partie des informations dans un dictionnaire, c’est la censure. Pour différentes raisons idéologiques, certains sujets peuvent être volontairement moins bien traités, comme le vocabulaire de la sexualité lorsque ce sont des moines qui rédigent les dictionnaires, un champ commercial quand le dictionnaire est vendu par une personne impliquée, ou les sujets politiques car le dictionnaire participe au débat public. Le dictionnaire n’est pas neutre, et il peut même être engagé, devenir un acte politique qui favorise la reconnaissance de l’existence d’une langue et de sa communauté par exemple. Ou décrire une langue en train de changer, d’être altérée par une force politique totalitaire.
Un exemple frappant de la documentation durant une dictature, c’est l’ouvrage LTI, la langue du iiie Reich de Victor Klemperer. Ce philologue allemand a documenté l’évolution de la langue durant la période nazie, dès 1933. Dans ses cahiers, édités après la guerre, il rend compte des choix de mots mis en avant par le pouvoir et des manipulations du langage liées à leur idéologie. Il n’a pas pu le diffuser avant 1947. Cet important ouvrage a ouvert la voie à de nombreux autres travaux d’étude des usages politiques de la langue. On peut citer par exemple La Langue du Capital mise à nu par ses locuteurs mêmes de Raoul Vilette, le site internet de veille lexicale Les mots sont importants ou le projet de recherche porc-épic de Nadine Vincent et ses collègues à l’université de Sherbrooke. Là, il est question de quelques mots, mais l’approche globale du dictionnaire est concernée par la société au sein de laquelle il est produit.
Le Wiktionnaire serait-il le même, existerait-il dans une société dans laquelle le contrôle politique serait plus restrictif ? Serait-il possible de décrire toutes les subtilités du langage sans être inquiété légalement par une définition allant contre l’idéologie, une citation venant d’une autrice hors du canon, une illustration ne véhiculant pas les « bonnes » valeurs ? Un dictionnaire sous le joug du fascisme devra-t-il modifier ses étymologies pour gommer les origines non-conforme au récit national ? Devra-t-il effacer les mots servant à le critiquer ? J’espère ne jamais avoir à le découvrir.
L’arabe est une langue sémitique possédant un abjad comme système d’écriture. Un abjad est un système d’écriture où seulement les consonnes et les voyelles longues sont marquées. Par exemple si nous prenons قلب (« cœur »), on ne voit que les consonnes « qlb ». En revanche un arabophone le prononcerait « qalbun » car il sait où placer les voyelles bien qu’elles ne soient pas marquées.
Mais comment est-il possible de lire un abjad sans jamais faire de faute ? C’est la question que se sont posés les premiers musulmans. Comme le Coran nécessite d’une lecture précise, ils ont dû trouver une façon de désambigüiser l’arabe écrit. En effet, l’arabe préislamique possédait beaucoup moins de lettres : 16 contre 29 aujourd’hui. Afin de résoudre cela, des diacritiques ont été ajoutés à l’arabe. Voici comment les lettres ont été désambigüisées :
Ces changements sont apparus comme étant suffisants car en effet des ambigüités ont été résolues. Toutefois, si l’on prend م (m) /m/ il peut être prononcé de plusieurs façons : /ma/, /mu/, /mi/, /mun/, /man/, /min/, /m/, /mː/, /mːa/, /mːu/, /mːi/, /mːun/, /mːan/, /mːin/, /maː/, /mːaː/. Donc, même pas un siècle après l’ajout des points, le général arabe Al-Hajjaj ben Yusef a remarqué que beaucoup de monde ne prononçait pas correctement le texte correctement. Il a alors décidé d’emprunter au syriaque des accents, des diacritiques pour les voyelles courtes, les harakats :
Le Wiktionnaire, afin d’être le plus précis possible, a adopté les harakats dans les titres des pages. كتب (ktb), la forme brute où on n’a aucun diacritique, liste par exemple toutes les formes possibles avec des diacritiques.
En définitive, l’ajout des points d’abord et les harakats ensuite ont permis de simplifier la langue ! C’est notamment le cas avec les harakats. Si l’on a un mot composé avec deux consonnes, il y aurait 900 façons de placer les voyelles ; avec trois consonnes, 27 000 ; avec quatre consonnes, 810 000 ; avec cinq consonnes, 24 300 000 !Une nouvelle proposition de Noé, après les poissons et les épices : les couleurs !
De nouvelles traductions sont à documenter et pour les ranger facilement, vous pouvez ajouter au début de la ligne de la définition le modèle {{couleurs}} en indiquant après une barre droite le code de langue. Par exemple {{couleurs|ar}} pour l’arabe !
Six personnes ont participé et se sont inscrite sur la page du projet : Poslovitch, Harmonide, Noé, Àncilu, Treehill et Sayoxime. Une soixantaine de nouvelles catégories de couleurs ont été créées, pour autant de langues qui n’en avaient pas jusque-là. Au total, 145 langues ont été concernées et ce sont au total 1 630 créations de nouvelles entrées ou classification d’entrées existantes !
Ces suggestions, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Noé, Hildepont, MukiNuki et Harmonide. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont créé de nouvelles entrées : Bercours, Bpierreb et Hildepont !
Connaissez-vous le nettoyage symbiotique et les poissons nettoyeurs : capucette barrée , crevette nettoyeuse , poisson-docteur , gobie nettoyeur , labre nettoyeur
Quand des éléments clés d’un jeu vidéo sont imitées à de multiples reprises, il est de coutume de décrire les jeux suivant en adossant le suffixe -like au jeu original, et les termes sont ainsi repris en français : GTA-like, Myst-like, Pokémon-like, roguelike et roguelite (du jeu Rogue, aujourd’hui le plus souvent sans majuscule), Souls-like.
Il existe de nombreux types de joubarbe : la joubarbe à grandes fleurs, la joubarbe à toile d’araignée, la joubarbe de l’Atlas, la joubarbe du calcaire, la joubarbe des montagnes.
Cette semaine nous nous intéressons aux nœuds ! Il en existe des milliers, parmi lesquels le nœud de cabestan (nœud d’amarrage essentiel pour la navigation), le nœud de Carrick, le nœud de pêcheur, le nœud de capucin, le nœud en pomme de touline, et bien d’autres…
La semaine dernière était technique et difficile, mais ne perdons pas le fil. Serait-ce le fil à coudre ou le fil à couture, le fil à scier, le fil de perles, le fil de l’eau ou le fil de la vie ? Ne coupez pas les fils en quatre, et allez de droit fil : il faut tenir les fils !
Ces nouvelles suggestions hebdomadaires, affichées sur la page d’accueil, ont été proposées par Lepticed7. Merci de leurs contributions aux personnes qui ont participé à ces thésaurus !
Trace, Votre résumé du glossaire du livre m'a donné le goût de lire cet ouvrage, même si j'ai un retard d'une centaine de livres à lire. Cantons-de-l'Est (discussion) 1 juillet 2024 à 14:15 (UTC)
Noé, Lorsque j'ai lu votre texte sur les dictionnaires en temps de dictature, je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle avec la novlangue du roman 1984. Par exemple, les termes « sédition » et « séditieux » sont absents de cette novlangue ; il est donc difficile d'en parler, faute de vocabulaire commun. Cantons-de-l'Est (discussion) 1 juillet 2024 à 23:10 (UTC)
Àncilu, Votre texte sur l'écriture arabe m'a permis de comprendre un petit peu plus les textes en arabe. Merci Cantons-de-l'Est (discussion) 1 juillet 2024 à 23:12 (UTC)