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Du latin bāsĭāre qui désignait initialement le baiser donné à des personnes respectées, par exemple au père. Le mot s’est rapidement substitué à suāvĭum (« baiser d’amour ») et à oscŭlum (« petite bouche = arrondissement de la bouche »). Le sens sexuel de baiser est attesté dès le XIIe siècle.
Par le baiser que me donne ma pauvre Modeste, je devine ce qui se passe en elle : si elle a reçu ce qu’elle attend, ou si elle est inquiète. Il y a bien des nuances dans les baisers, même dans ceux d’une fille innocente — (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)
Il y avait en outre une dent d’Abeilard et une dent d’Héloïse, deux blanches incisives, qui, du temps où elles étaient recouvertes par leurs lèvres frémissantes, s’étaient peut-être rencontrées dans un baiser.— (Alexandre Dumas, Les Mille et Un Fantômes)
Poète, prend ton luth et me donne un baiser.— (Alfred de Musset, La Nuit de mai)
Julie se baissa, lui présenta son front, et y reçut le baiser du soir, ce baiser machinal, sans amour, espèce de grimace qui lui parut alors odieuse.— (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
Un baiser ? Un baiser ? Un baiser ? Un baiser ? Pas sur la bouche Un baiser ? Un baiser ? Un baiser ? Un baiser ? Ça m'effarouche, Pas sur la bouche, Ça l'effarouche La bouche c'est fait pour causer, Pas pour baiser — (Yves Mirande, Albert Villemetz, Ta bouche, opérette, 1920)
Un baiser sans moustache, disait-on alors, c’est comme un œuf sans sel ; j’ajoute : et comme le Bien sans Mal, comme ma vie entre 1905 et 1914.— (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 36.)
Geste de simulation d’un baiser où l’on porte sa main aux lèvres, à l’adresse d’une ou plusieurs personnes.
Les girls saluaient en ployant les genoux, ainsi que des petites filles qui font la révérence et en envoyant des baisers.— (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
(Pâtisserie)(Belgique) Sorte de meringue double, spécialité de la ville belge de Malmedy, en Wallonie.
(Transitif)Appliquer sa bouche sur le visage, sur les lèvres, sur une partie du corps d’une personne, par amitié, par amour, par civilité, par respect; et par extension, faire le même acte à un objet ou à un animal. — Note d’usage : À cause de la prééminence du sens obscène, ce verbe n’est pratiquement plus utilisé actuellement dans cette acception, sauf dans quelques emplois très spécialisés tels que baiser la main d’une dame ou baiser l’anneau d’un évêque.
(Sens vieilli) Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi, Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie, Mille et mille baisers donne-moi je te prie, Amour veut tout sans nombre, amour n’a point de loi.
Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie, À baiser (de Pluton ou la femme ou l’amie), N’ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?
Mais, aussitôt après, il tendit sa main à l’ermite. Ce dernier, quelque peu humilié, plia le genou et la baisa.— (Walter Scott, Ivanhoé, traduit de l’anglais par Alexandre Dumas, 1820)
Et quand je m’approchai du fauteuil de grand’mère pour lui baiser la main, elle se détourna et cacha sa main sous son mantelet.— (Léon Tolstoï, Souvenirs, 1851-1857, traduction de Ardève Barine, édition 1922)
— C’est vrai, ça ? tu m’aimes, tu n’aimes que moi ?… Eh bien ! prends-moi donc, baise-moi, que je te sente, que tu sois à moi, à moi toujours, jamais à l’autre !— (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)
Là, tous les notables défilèrent pour lui baiser la main. Il dit à chacun quelques mots.— (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans « Trois contes de l’Amour et de la Mort », 1940)
Installée près du lit, elle baisait, une à une, des images de piété insérées dans un livre vêtu de drap noir.— (Joris-Karl Huysmans, La Cathédrale, Plon-Nourrit, 1915)
Car si baiser est bien, gabahoter est mieux !— (Joris Karl Huysmans, « Sonnet saignant », in Le Nouveau Parnasse Satyrique du dix-neuvième siècle, 1881)
Colbert disait un jour à Monsieur de Louvois : « Que n’ai-je baisé plus quand baiser je pouvois ? »— (Tristan Bernard, in Pour tout l’or des mots, par Claude Gagnière, Paris, 1996, Éditions Robert Laffont, collection « Bouquins »)
Pour baiser à mort, les back-rooms c'était le paradis. On y passait de la techno ou du vieux krautrock, . Fabio pouvait baiser des heures.— (Thomas Gunzig, Kuru, Éditions Au Diable Vauvert, 2005, chapitre 4)
C’est très bien qu’ils se soucient de leur coupe de cheveux, de leurs pompes et de leurs fringues et qu’ils veuillent tous, à quinze ans, passez-moi l’expression, baiser à tire-larigot, c’est logique, non ?— (Leonardo Padura, Vents de carême, Métailié, Paris, 2006)
Et si ma femme me fait pas confiance elle devient casse-burnes, et si elle devient casse-burnes, je m'éloigne, et si je m'éloigne trop, je finis par aller baiser ailleurs.— (Juliette Bouchet, Le Double des corps, Robert Laffont, 2015)
Aristocrates, vous voilà dans le bahut, Je baiserons[sic] vos femmes et vous serez cocus, Aristocrates, je vous vois tous cornus.— (Anonyme, Le Tombeau des aristocrates, 1791)
Personne n’y avait rien compris à cet abandon et surtout pas la fille elle-même, parce qu'il avait pris pourtant bien du plaisir à la baiser.— (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Denoël et Steele, Paris, 1932)
L’enfoiré croyait m’avoir, mais je l’ai bien baisé.
Si la révolution qui abat tout d’un coup est hors de portée, le goutte-à-goutte des fermetures, lui, est bien réel, continu, et il peut être le support d’un début d’alternative anti-capitaliste qui, pour ainsi dire, cheminerait en creusant le capitalisme de l’intérieur. Si on veut, on pourrait appeler ça aussi : baiser le capital dans son sommeil.— (Frédéric Lordon, inLionel Maurel, Survivre dans les ruines (numériques) du capitalisme, 6 novembre 2018 → lire en ligne)Note : Dans cet exemple, tous les mots principaux renvoient à la sodomie : enfoiré est une variante affaiblie d’enculé ; avoir et baiser sont des variantes de sodomiser.
Depuis le milieu du XXe siècle, le sens « avoir des relations sexuelles » l’emporte sur l’autre ; pour éviter cette ambigüité l’usage privilégie « embrasser » pour « donner un baiser ».
Synonymes
Donner un baiser
embrasser(Parasynonyme utilisé couramment comme synonyme)
« baiser » dans Adolphe Orain, Glossaire patois du département d'Ille-et-Vilaine suivi de chansons populaires avec musique, Maisonneuve Frères et Ch. Leclerc, 1886, 279 pages, page 6
Jean-Marie Renault, Glossaire du parler de Trémeur, Famille Renault, 2008, 49 pages → /